À quoi ressemble le combat spirituel ?
Le combat spirituel ressemble à la vie chrétienne.
En 2003, notre fille de seize ans a reçu le diagnostic d’une maladie
rare, douloureuse et évolutive. Ses effets risquaient de la défigurer, de l’invalider et même de causer sa mort. La cause de la maladie était un mystère. Il n’y avait pas de remède. Certains symptômes pourraient être traités ou s’atténueraient spontanément. Mais personne ne savait quand frapperait le prochain épisode, comportant des symptômes qui allaient en s’empirant. Les médecins nous ont dit que dans 30 pour cent des cas, pour des raisons inconnues, la maladie disparaissait aussi mystérieusement qu’elle était apparue. S’il n’y avait pas de récurrence ou de déclin au cours des trois prochaines années, ils la considéreraient comme guérie. Il s’agissait là de circonstances particulières au cours desquelles nous devions nous saisir du bouclier de la foi.
Des situations où la pression est élevée comportent de nombreuses tentations. Face à un diagnostic désespéré, il y a plusieurs façons de perdre le combat spirituel, retournant aux ténèbres de la chair, du monde et du diable. Serons-nous aveugles à ce que Dieu fait, nous laissant absorber par la menace immédiate ? Serons-nous saisis d’inquiétude, ressentant un courant sous-jacent de crainte ou même de peur ? Développerons-nous une obsession au sujet de l’intervention médicale? Sombrerons-nous dans le déni ? Allons-nous anesthésier nos appréhensions en nous évadant dans le travail, la télévision ou l’alcool? Deviendrons-nous irritables les uns envers les autres, exacerbant la tension en nous querellant ? Deviendrons-nous stoïques, court-circuitant le besoin humain honnête en affirmant que « Dieu est au contrôle » de façon plus islamique que psalmique ? Prierons-nous de façon répétée, et même de façon superstitieuse? Il y a plusieurs manières de retourner aux compréhensions ténébreuses qui sont des expressions de l’aliénation relativement à la vie de Dieu (Ép 4.17,18). Les traits enflammés du malin cherchent à nous asservir à nouveau dans les ténèbres d’où Dieu est absent.
Comprendre le combat spirituel
James K. Beibly
Le combat spirituel est un sujet d’intérêt vital pour l’Église. Cependant, bien que la plupart des croyants reconnaissent que le combat spirituel est une réalité biblique, peu sont ceux qui s’intéressent particulièrement à cette question.
Reconnaissant l’importance du combat spirituel pour l’Église d’aujourd’hui, des théologiens et des responsables de ministères renommés se sont réunis afin de produire un ouvrage qui présente les principales positions sur le sujet de manière dialogique, c’est-à-dire de façon à ce que tous les auteurs présentent leurs perspectives et qu’ils répondent ensuite à celles des autres.
Comprendre le combat spirituel propose une approche équilibrée et irénique pour examiner un sujet souvent controversé. Imprégné d’un ton respectueux et propice à la réflexion critique, ce livre met en évidence les différents points de vue des intervenants et aborde une série de questions importantes sur le sujet, tout en s’appuyant sur des arguments bibliques et théologiques. Il intéressera particulièrement les pasteurs et les responsables d’Églises, ainsi que ceux qui suivent des cours touchant à la théologie, à la mission, à la théologie pratique et au combat spirituel.
Nous pourrions rechuter, ou nous pourrions faire face à ce qui nous trouble comme Éphésiens et les Psaumes nous encouragent à le faire. Dans notre cas, le Psaume 28 a recueilli notre expérience et nous a pris en main. C’est un des nombreux psaumes qui décrivent le besoin humain qui trouve la force de Dieu et sa bienveillance protectrice. Il donne de la substance à Éphésiens 6. Le Psaume 28.1,2 donne une voix à un sentiment de besoin intense, de vulnérabilité face à la menace.
J’en appelle à toi, ô Seigneur, mon rocher. Ne reste pas sourd à ma voix. Si tu demeures silencieux, je serai comme ceux qui s’en vont dans la fosse. Entends mon cri, sois miséricordieux alors que je te demande secours, alors que j’élève les mains vers ton saint sanctuaire (paraphrase de l’auteur).
Il ne s’agit pas ici de « faire ses prières » de façon routinière. Ce n’est pas juste un élément de plus à ajouter à notre liste de prière. Ce n’est pas simplement un changement dans notre façon de nous parler à nous- mêmes, comme si la sphère dans laquelle opère la foi se situait dans nos pensées : « Souviens-toi juste que Dieu est au contrôle. Souviens-toi de ton identité en Christ.» La sphère d’opération de la foi est dans notre relation avec un autre que nous : « J’ai besoin de toi, Dieu miséricordieux, notre Roi. Alors que tu considères mon besoin, souviens-toi de qui tu es. Souviens-toi de tes promesses de compassion et de secours. » Le besoin crie vers quelqu’un qui est capable et prêt à aider. Dans notre besoin, l’acte par lequel nous nous tournons vers le Seigneur est un acte de bon sens et de lumière.
David se trouve ensuite aux prises avec des maux précis (Ps 28.3-5), animant sa demande de miséricorde. Dans son cas (intensifié pour Jésus), il faisait face à l’inimitié d’hommes impies qui agissaient selon le mal que leurs cœurs incubaient, en plus de l’hostilité plus profonde de l’adversaire du Messie de Dieu. L’hostilité de chair et de sang fait partie des maux auxquels chacun de nous fait face constamment. Mais il ne s’agissait pas là de notre situation à l’époque. Éphésiens (et le reste des Écritures) étend la portée et la profondeur de notre conscience du mal. Nous ne luttons pas seulement contre la chair et le sang, mais contre tout ennemi que Jésus placera sous ses pieds (1 Co 15.25).
La puissance de « l’ennemi » (Mt 13.39 ; Lu 10.19) œuvre pour nous aveugler et nous confondre, tentant de regagner la maîtrise sur nous en nous déformant à son image.
La puissance de « l’ennemi » (Mt 13.39 ; Lu 10.19) œuvre pour nous aveugler et nous confondre, tentant de regagner la maîtrise sur nous en nous déformant à son image.
La maladie de notre fille préfigurait le « dernier ennemi » (1 Co 15.26), une ombre de la mort qui assombrissait les pas d’une fille de seize ans. Les « convoitises de notre chair […] les volontés de la chair et de nos pensées » (Ép 2.2,3) manifestent la sympathie de nos propres cœurs pour le diable. Insisterons-nous sur la guérison, exigerons-nous une vie confortable ou placerons-nous nos espoirs les plus profonds en la médecine ? Nous devenons obsessionnels, colériques, fuyards ou craintifs lorsque nous sommes conduits par la tyrannie de nos désirs.
Il y a également des ennemis humains subtils. Éphésiens 4.14 nous avertit en ce qui a trait aux messages mensongers véhiculés dans le monde qui nous entoure. Quiconque fait face à la maladie fait simultanément face à des présomptions largement cultivées et institutionnalisées. L’air que nous respirons insinue une idéologie et un système de valeurs : la bonne santé, le soin médical et le remède médical sont le summum bonum (plutôt que d’être un bonum – le bien le plus élevé plus qu’un simple bien). Nous laisserons-nous induire en erreur de telle sorte que nous ne comprendrons jamais ce qui façonne nos attitudes et nos choix ?
Le Psaume 28.3-5 dépeint une des nombreuses variantes de « toutes circonstances ». Nous avions besoin de trouver la force et la protection de Dieu dans nos circonstances. Dans notre appel à la miséricorde, nous avons nommé nos soucis de façon exacte devant le Seigneur.
Ce psaume traverse rapidement le registre émotionnel, arrivant à la paix joyeuse (28.6,7) plus vite que nous. David nous donne un cadre et pas un emploi du temps. Il nous montre la voie à emprunter. Il est frappant de voir comment les exhortations générales d’Éphésiens 6 (et 5.18-20 !) récapitulent ces thèmes précis :
L’Éternel est ma force et mon bouclier ;
En lui mon cœur se confie, et je suis secouru ;
J’ai de l’allégresse dans le cœur ;
Et je le loue par mes chants (Ps 28.7).
Le combat spirituel n’est pas sombre ou rempli d’appréhension, ni paranoïaque ou superstitieux, ni magique ou talismanique.
La gratitude et la joie honnêtes sont intrinsèques au combat spirituel. L’Esprit de Dieu génère l’exultation et la reconnaissance partout dans Éphésiens, comme dans plusieurs Psaumes. Le combat spirituel n’est pas sombre ou rempli d’appréhension, ni paranoïaque ou superstitieux, ni magique ou talismanique. Le Seigneur s’est avéré être notre force et notre bouclier dans la crise. Et, par grâce, les symptômes de notre fille ont diminué. Les mois ont passé, puis les années. Nous n’avons pas oublié la menace, bien qu’elle soit devenue distante avec le temps. Nous avons eu confiance et nous avons été aidés.
Une idée nous est venue comme un éclair au bout de trois années exactement. Notre fille était en Ouganda pour un semestre à l’étranger. Le médecin de l’université instruisait les étudiants quant à l’importance des médicaments antipaludiques qu’ils prenaient. Il a mentionné en passant que ce médicament pouvait conduire au syndrome rare qu’elle avait connu. Elle a changé de médicament. Mon cœur se confie et je suis secouru.
Et si la condition de notre fille s’était aggravée plutôt que de s’être améliorée? Et si elle n’allait pas bien aujourd’hui, et si son corps avait connu une inflammation et était brisé de douleur ? Ce serait une route bien difficile, semée de nombreuses tentations. Mais le chemin de la vie qu’Éphésiens et les Psaumes délimitent pour nous seraient tout de même le chemin de la vie.
Le Psaume 28.8,9 présente la même conclusion qu’Éphésiens 6.18-20. David regarde au-delà de lui-même et tend la main à d’autres qui ont besoin de ce qu’il a reçu. Il intercède pour le peuple de Dieu dans leur besoin de réconfort, de refuge et du soin salvateur du Seigneur notre Berger. Vous aussi faites face aux mêmes types d’ennemis, de tentations et de luttes que l’ont fait David, et Jésus, et nous. Si nous avons besoin que le Seigneur nous fortifie et nous protège, vous aussi. Et je prie que cette histoire soit pour vous un don qui vous conduira à connaître plus profondément les voies de notre Christ à travers la sagesse du Psaume 28 et d’Éphésiens.
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