Dans nos milieux, nous entendons souvent ce type de langage : « Apporter des prédications, c’est mon appel », « Dieu m’a appelé à le servir au Cameroun », « J’ai reçu un appel au ministère parmi les étudiants ».
Si Dieu a « appelé » quelqu’un de la sorte, il n’y a pas de contestation possible. Mais est-ce biblique ?
Ce type d’usage de la racine q-r-’ est attesté dans l’Ancien Testament, par exemple pour Cyrus (« appelé » ultimement à servir les Israélites, Es 45,3-4). Dans le Nouveau Testament, le verbe kaleō est employé ainsi pour l’apôtre Paul, « appelé » à être apôtre (Rm 1,1 ; 1 Co 1,1)[1].
Cependant, l’idée qu’un croyant, au stade actuel de l’histoire du salut, soit « appelé » à tel ou tel ministère ne semble pas figurer dans les Écritures.
L’idée qu’un croyant, au stade actuel de l’histoire du salut, soit « appelé » à tel ou tel ministère ne semble pas figurer dans les Écritures.
Certes, nous trouvons l’idée d’être « appelé » à être croyant, de façon « générale » (Mt 22,14) ou « efficace » (p. ex. Rm 8,30 ; Ga 5,8 ; 1 Co 7,17-24 ; 1 P 2,9 ; 5,10) ; autrement dit, attiré au Christ par la puissance de l’Évangile. Ou encore, on est « appelé » à vivre de façon à plaire à Dieu (1 P 2,21 ; 3,9). Mais on n’est apparemment pas « appelé » à servir Dieu dans tel domaine spécifique, ni pour tel ou tel pays.
« Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde[2]. » Il me semble que nous éviterions des difficultés (et, dans le pire des cas, le chantage spirituel) si nous rendions notre langage conforme à celui des Écritures dans ce domaine.
Que Dieu nous garde donc d’utiliser le langage de l’« appel » pour revendiquer un service particulier. Ainsi, au lieu d’argumenter en faveur d’un ministère sur cette base (« vous ne pouvez pas nier son appel ! »), il vaudrait mieux évoquer les qualifications que l’on discerne chez la personne (« je pense que, par la grâce de Dieu, il est apte à ce rôle »).
Quelles sont alors les qualifications pour le ministère pastoral ? Nous pensons qu’il y en a neuf, et nous avons abordé cette question dans un autre article : « Le service de l’Évangile à temps plein : suis-je en bonne voie ? Quelles qualités cultiver en vue du ministère pastoral ? », Le Maillon été-automne 2021.

