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Vous considérez-vous comme un ancien ou un pasteur heureux de servir ? Votre motivation et votre joie dans le ministère ont-elles tendance à faire le yoyo en fonction de vos réussites ou échecs, des bonnes ou mauvaises nouvelles de la vie de l’Église ? Est-ce que les grands succès vous portent, tandis que les espoirs déçus vous accablent ? Ce sont, en substance, ces questions que Mark Dever a posées à une centaine de pasteurs, anciens et hommes engagés dans le ministère, lors de la conférence qui s’est tenue à Grenoble du 18 au 20 avril, organisée par l’Action Biblique France en partenariat avec Publications Chrétiennes et TPSG.

Des anciens heureux pour des Églises en bonne santé

Mark Dever, pasteur à Capitol Hill Baptist Church à Washington D.C. et fondateur du mouvement 9Marks, y a apporté plusieurs enseignements, auxquels se sont ajoutés deux exposés de Benjamin Eggen, pasteur à Bruxelles. Objectif de ces trois journées : encourager les participants à bâtir des Églises en bonne santé, selon le « mot d’ordre » du mouvement 9Marks. Mais comment une Église peut-elle être en bonne santé si ses dirigeants sont découragés ? L’intervention de Mark Dever intitulée « Bien définir le succès » se voulait ainsi être une exhortation poignante à chercher la joie à la bonne place.

La « joie des projecteurs » est éphémère

D’un côté, la « joie des projecteurs » est vaine et trompeuse. Nous vivons dans un monde attiré par la croissance et les résultats rapides. Inévitablement, les Églises sont tentées d’imiter ce « modèle » et de vouloir « tout et tout de suite ». Mais adopter cet esprit, c’est s’exposer à de grandes désillusions… et c’est aussi aller à l’encontre des principes bibliques. Le « modèle marketing » ne peut pas fonctionner dans la vie d’une Église. Le travail pastoral est certes rythmé par toutes sortes d’échéances et de responsabilités parfois urgentes, mais tout ne va pas toujours « vite » pour autant, rappelle Mark Dever. Il suffit d’ouvrir nos Bibles pour constater qu’Abraham a dû attendre très longtemps avant de voir la promesse se réaliser, que le peuple d’Israël a dû patienter avant l’arrivée du Messie, que l’Église attend aujourd’hui le retour de Christ, etc.

La tentation de vouloir des résultats immédiats

Si les dirigeants des Églises oublient cette réalité, s’ils s’attendent à des résultats rapides, ils s’exposent soit à de grandes déceptions, à la perte de la joie et à l’impatience, soit à la tentation d’adopter des méthodes qui pervertiront la nature véritable de l’Évangile pour le rendre plus « vendeur » ou plus digeste. Fondamentalement, cette question se pose donc : ce qui est « plus rapide » et « plus grand » est-il forcément meilleur que ce qui est « plus lent » et « plus petit » ? Dans une perspective biblique, la réponse est évidemment « non ».

Il est vrai que de prime abord, les joies des projecteurs semblent nous nourrir, remarque Mark Dever. Quel pasteur n’est pas encouragé par les applaudissements, la croissance numérique de « son » Église ou encore la publication remarquée d’ouvrages de qualité ? Pourtant, ces succès apparents risquent de nous éloigner de la discipline dont nous avons besoin pour trouver la vraie joie : une joie pieuse indispensable pour parvenir à persévérer et tenir durablement dans le ministère. « Notre joie augmenterait si nous étions moins préoccupés par les résultats », rappelle Mark Dever.

La joie d’être dans le fauteuil de l’ancien

Par contraste à cette éphémère joie des projecteurs, nous devons plutôt rechercher, comme l’exprime Mark Dever, « la joie d’être dans le fauteuil de l’ancien » (référence, sauf erreur, à cette époque où les anciens étaient assis dans des fauteuils face à l’Église pour observer les membres pendant le culte) : en tant qu’anciens et pasteurs, nous sommes observateurs et témoins de toutes sortes de choses qui devraient nous réjouir d’une joie profonde et saine. Nous prenons conscience que malgré le besoin d’élaborer des projets, de mouiller le maillot et d’être activement engagés dans la vie des Églises où Dieu nous a placés, nous ne sommes finalement que des instruments dans la main de Dieu, comptant sur lui pour les résultats.

Se reposer dans la suffisance de l’Écriture

Quelles sont donc les joies du fauteuil de l’ancien ? Il y a d’abord cette joie de pouvoir se reposer dans la suffisance de l’Écriture. Combien de fois les anciens sont-ils découragés par le manque apparent de fruits et de progrès, par l’impression que ceux qui devraient comprendre ne comprennent pas, par le sentiment de parler à des murs ? Pourtant, une joie véritable grandit lorsqu’ils prennent conscience que la Parole de Dieu reste suffisante et efficace, utilisée par Dieu pour produire les résultats qu’il a décidé de produire.

Cette joie est souvent accompagnée, au cours d’un ministère pastoral, de la joie de voir des gens se convertir dans l’Église. Paul encourageait Timothée à s’appliquer à la tâche qui lui était confiée, à veiller sur lui-même et sur son enseignement, avec cette promesse : « Car en agissant ainsi, tu sauveras et toi-même et ceux qui t’écoutent » (1 Timothée 4.15-16).

Une joie véritable grandit lorsque les Anciens prennent conscience que la Parole de Dieu reste suffisante et efficace, utilisée par Dieu pour produire les résultats qu’il a décidé de produire.

Votre prédication convertira peut-être quelqu’un dans 85 ans !

En guise d’illustration, Mark Dever raconte cette histoire vraie d’un dénommé Luke Short. Un jour, alors que cet homme non converti, âgé de 100 ans, est en train de travailler dans les champs, le Saint-Esprit lui rappelle soudainement une prédication de John Flavel entendue 85 ans plus tôt… Luke Short vient à Christ !

Lorsqu’il avait prêché ce sermon, John Flavel ne pouvait absolument pas imaginer que cet adolescent qui l’écoutait quelque part dans la foule rejoindrait le royaume de Dieu des décennies plus tard « grâce » à lui. Nous sommes les instruments, Dieu agit : et cette prise de conscience procure une joie bien plus profonde que celle des projecteurs.

Des yeux ouverts pour voir l’œuvre de Dieu dans la communauté

Et puis, il y a la joie, pour les dirigeants d’une Église, de connaitre leur communauté assez bien pour voir l’œuvre de Dieu dans les vies. Nous pouvons tous penser à un certain nombre de situations encourageantes : un baptême, les progrès dans la foi d’un nouveau converti, une victoire glorieuse contre un péché qui enchainait durablement quelqu’un, l’émerveillement grandissant d’un adolescent pour la Parole de Dieu, une réconciliation entre des gens qui ne se parlaient pas, un amour croissant entre des gens de générations différentes, un membre qui manifeste un remarquable esprit de service, etc. Dieu agit, et le pasteur-ancien se réjouira en ayant les yeux ouverts pour le voir : il retrouvera du courage dans les épreuves et verra le sens à continuer sa mission. Mark Dever note aussi la joie de voir l’Église chanter son espérance et se délecter de l’Évangile : il est beau de voir le peuple de Dieu louer Dieu et lui adresser ses prières reconnaissantes.

Se réjouir quand d’autres sont meilleurs que nous ?

Autre joie pour celui qui se tient dans le fauteuil de l’ancien… un peu moins évidente : la joie d’entendre d’autres pasteurs prêcher de meilleurs sermons que nous, glisse Mark Dever. Il arrive qu’un pasteur expérimenté assiste à l’émergence d’un jeune prédicateur de son Église qui s’avère plus doué que lui. Eh bien, c’est une source de joie : la joie de voir Dieu continuer à accorder des dons à son Église et prévoir une relève.

Le poids du monde repose sur Dieu, pas sur moi

On revient finalement à cette acceptation de la volonté de Dieu, du temps de Dieu et des méthodes de Dieu. Cette acceptation, si elle est réelle, conduit à la confiance. Mark Dever parle de la joie de savoir que le poids du monde repose sur les épaules de Dieu et non sur les nôtres. Les soucis de demain et les attentes déçues peuvent être laissés à Dieu, qui bâtit son Église à sa manière et étend son royaume selon ses « plans de croissance » : « Il a des responsabilités que je n’ai pas, et c’est son œuvre à lui qui s’accomplit », relève Mark Dever.

La joie d’attendre et de s’attendre à Dieu

À la joie de la confiance se joint donc la joie de pouvoir compter ensemble sur les promesses de Dieu, en sachant que l’attente est un outil utilisé par Dieu pour développer notre patience et notre foi. Si l’on y réfléchit, il n’y a pas de croissance et de maturation dans la foi sans apprentissage de l’attente : l’attente en Dieu. Et là, les responsables d’Église sont particulièrement bien placés, sur leur « fauteuil », pour être des témoins joyeux de la manière dont le Dieu sage agit en son temps pour accomplir ses promesses. Cette attente patiente conduit nos regards jusque vers le ciel et nourrit notre joie de soupirer ensemble vers le ciel : c’est la joie de l’espérance, relevée aussi par Mark Dever.

Nous ne devons pas élaborer des plans qui misent sur la rapidité. Dans la vie chrétienne, comme dans la vie d’Église, la maturité s’obtient sur le temps long, un jour après l’autre.

Bref, conclut Mark Dever, nous ne pouvons pas concentrer notre ministère sur la croissance rapide. Nous ne devons pas élaborer des plans qui misent sur la rapidité. Dans la vie chrétienne, comme dans la vie d’Église, la maturité s’obtient sur le temps long, un jour après l’autre. « Attendre est dans la nature du ministère chrétien et de la vie chrétienne ».

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