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Avez-vous déjà entendu parler du minimalisme ? Moi non, jusqu’à l’année dernière, lorsqu’un étudiant a choisi ce thème pour la validation de l’un de mes cours. Régulièrement, le sujet revient : dans un article de journal, un post, une conversation. Mais de quoi s’agit-il ?

Qu’est-ce que le minimalisme ?

Le minimalisme peut être résumé par les huit principes suivants :[1]

Le minimalisme consiste à posséder moins de biens.

Comme je l’ai déjà mentionné, le minimalisme consiste à vivre intentionnellement avec les seules choses dont on a vraiment besoin.

Le minimalisme est intentionnel.

Ce nouveau mode de vie demande une volonté consciente et disciplinée et, en conséquence, il conduit à une amélioration de tous les aspects de la vie.

Le minimalisme, c’est être libre de la passion de posséder.

Le minimalisme nous demande finalement de valoriser ce qui compte le plus : les personnes, les expériences, la dimension non-matérielle de l’Homme (l’âme et l’esprit).

Le minimalisme, c’est être libre de la frénésie moderne.

Devenir un minimaliste exige de ralentir le rythme de vie (on parle parfois de slow-living) et libère de l’hystérie moderne qui nous pousse à vivre et à consommer toujours plus.

Le minimalisme, c’est être libéré de nos masques.

Libéré de l’obligation de se conformer aux attentes d’un monde à la consommation frénétique, il devient possible de ne plus mener deux vies : une vie simple à la maison et une vie conformée à la société avec nos amis ou collègues.

Le minimalisme est contre-culturel.

Cela semble désormais évident… Tout cela va bien à l’encontre de tous les modes de vie modernes habituels qui nous poussent à toujours plus profiter du monde en accumulant des choses.

Le minimalisme est d’abord intérieur.

Il est toujours question, avant toutes choses, de ce qui se passe dans notre cœur. Ce n’est pas simplement un style de vie, c’est une attitude intérieure.

Le minimalisme est absolument réalisable.

Enfin, le minimalisme n’est pas qu’un exercice intellectuel, ou un manifeste théorique. Devenir un minimaliste est tout à fait réalisable.

Pour résumer, le minimalisme est un garde-fou qui pose des « frontières » et permettent de construire une vie qui a toujours plus de sens. Il nous permet de nous débarrasser des distractions et de nous concentrer sur ce qui compte le plus, et de faire plus attention aux autres qu’à nous-mêmes. Selon le slogan minimaliste : Vivre simplement afin que d’autres puissent simplement vivre. Dit ainsi, le minimalisme n’est pas du tout incompatible avec la vie chrétienne !

La valeur du minimalisme

Le minimalisme nous rappelle des choses essentielles :

Des moyens ? Non ! Une fin en soi.

Tout d’abord, il nous rappelle que les biens que Dieu donne ne sont que des moyens. Ils ne sont jamais une fin en soi ! Les chrétiens ont parfois adopté les attentes sociales et culturelles d’une société qui définit les personnes par ce qu’elles possèdent en oubliant que les possessions ne sont bien sûr que des « moyens » qui en plus ne nous appartiennent pas… parce que la terre appartient à Dieu, avec tout ce qu’elle contient (Ps 24.1).

La vraie valeur du monde.

Le minimalisme est aussi une manière de re-découvrir la vraie valeur des choses qui remplissent notre monde. En ralentissant volontairement notre rythme de vie, en ralentissant consciemment notre consommation, nous découvrons la vraie valeur des choses… y compris, et surtout, de ce qui n’a pas de valeur financière.

La vie est dirigée vers les autres.

Enfin, le minimalisme nous re-dirige vers ce qui devrait être le plus essentiel : nos relations avec les autres. C’est une exhortation qui rejoint la dimension communielle de l’Homme que nous trouvons partout dans le Nouveau Testament : nous sommes appelés à nous encourager les uns les autres, à pleurer avec ceux qui pleurent (Rm 12.15).

Les limites du minimalisme

Le minimalisme a cependant des limites.

Sa naïveté.

Tout d’abord, le minimalisme est trop naïf quant aux besoins humains. En ne gardant que ce qui est « absolument » nécessaire, le minimalisme pourrait avoir tendance à nous pousser à la survie plutôt qu’à la vie. Se débarrasser de toutes ces babioles qui peuplent nos étagères peut sembler une bonne idée, mais il ne faut pas oublier que ces choses sont nécessaires à ces êtres de mémoire que nous sommes. Nous ne pouvons pas vivre qu’avec ce qui est nécessaire, parce que la vie humaine a besoin de plus que cela.

Son optimisme.

Ensuite, il est franchement optimiste quant au réalisme de vivre ainsi. Si le minimalisme est d’abord une affaire de cœur (je suis bien d’accord !), il s’ensuit qu’il ne pourrait y avoir de vrai minimalisme sans transformation du cœur. Cette transformation est spirituelle avant tout. C’est seulement par la sagesse de l’Esprit que nous pouvons discerner ce qui est le plus important au monde : suivre Christ, aimer Dieu et notre prochain.

Son individualisme.

Le plus grand problème du minimalisme, c’est son fort potentiel individualiste. Il ne demande que ce dont moi j’ai besoin pour vivre. Bien sûr, c’est souvent en vue des autres, mais la question « De quoi ai-je besoin pour vivre ? » est symptomatique. Le minimalisme peut aussi parfois oublier que ce que nous avons peut aussi être au service des autres. C’est aussi parce que parmi les chrétiens il y avait des personnes qui avaient plus que le nécessaire, que l’Eglise a pu grandir. C’est parce que nous avons plus que le nécessaire que nous pouvons aider et soutenir les autres. C’est parce qu’une famille chrétienne a une maison de vacances qu’elle peut décider de la prêter régulièrement, et gratuitement. N’être focalisés que sur ce qui m’est nécessaire à moi peut m’empêcher d’être un instrument de grâce entre les mains de Dieu.

Une vie généreuse

Que faire du minimalisme ? Ni l’adopter aveuglément, ni le rejeter absolument. Il doit plutôt être vu à travers ce qu’est la vie chrétienne. Nous sommes appelés à la générosité, comme Paul le rappelle aux Corinthiens : « Celui qui avait beaucoup n’avait rien de trop, et celui qui avait peu ne manquait de rien. » (1 Co 8.15) Les biens doivent être un service et ne doivent pas prendre la place du seul Seigneur, car nous ne pouvons servir deux maîtres (Mt 6.24). Le minimalisme nous dirige dans la bonne direction, mais peut oublier de mettre l’accent sur la générosité active. En effet, ce n’est pas parce que je vis plus simplement que d’autres pourront « simplement vivre ». Cela demande une générosité active de ma part ! La foi chrétienne est une discipline de vie qui, avec l’assistance de l’Esprit, nous fait ré-ordonner le monde en plaçant chaque chose à sa juste place, et en accordant à chaque chose sa juste valeur afin d’aimer Dieu et notre prochain.

[1] http://www.becomingminimalist.com

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