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La rentrée est arrivée, et avec elle, un certain nombre d’incertitudes. La politique sanitaire du gouvernement fonctionne-t-elle ? Est-ce que « on » nous dit vraiment tout ? Nos dirigeants utilisent-ils le prétexte de la  Covid-19 pour mettre en vigueur des mesures discriminatoires contre les Églises ? Au niveau mondial, y a-t-il une tentative de contrôle social ? Cela pourrait faire un peu conspirationniste. Alors pour les autres, il y a aussi d’autres questions : Verrons-nous une vague plus sérieuse pendant l’hiver 2020-2021 ? Comment nos pays redynamiseront-ils leur économie ? Et plus sérieux encore : allons-nous vers un second confinement ?

Toutes ces questions envahissent notre quotidien. Elles marquent les journées, font les titres des journaux, et s’immiscent dans nos médias sociaux. Et bien sûr, elles font réagir. Certains sont tentés de parler des « anti masques » comme d’un vrai danger social, d’une menace pour la santé publique. D’autres répondent d’un peut-être trop sarcastique « masque = mouton ». Trouver ces réactions, ce n’est pas étonnant. Mais devrions-nous les trouver dans les paroles publiques des chrétiens ?

L’enjeu du témoignage

Ne nous voilons pas la face, à l’âge des médias sociaux, toutes ces réactions sont publiques, même si vous ne le dites que sur votre réseau social favori. Nos mèmes postés sur Facebook n’échappent probablement pas à certains de nos amis ou de nos connaissances non chrétiennes. Sur la question du « masque » en particulier, nos avis sont tranchés, indignés, et assénés avec force. Ils sont à l’image de notre monde : ils ne supportent pas d’autres avis, exigent une attitude radicale et séparent les uns à droite, les autres à gauche, en « résistants » ou en « moutons ».  Bien sûr, vous allez me dire que les chrétiens ne sont pas les seuls à penser qu’accepter le port du masque, c’est se soumettre volontairement à un contrôle social.

Peut-être.

Mais justement, les chrétiens devraient-ils démontrer les mêmes attitudes et  donner voix aux mêmes critiques que le monde qui nous entoure ? N’avons-nous rien d’autre à vivre devant les yeux du monde ? N’avons-nous rien d’autre à offrir ? La patience, la compassion, la maîtrise de soi, la paix… ont-elles leur place à l’âge de cette cristallisation des tensions ?

« Anti-masque = menace »

« Masque = mouton »

Cela a-t-il vraiment sa place sur les médias sociaux des disciples de Jésus-Christ ?

Non.

L’enjeu, c’est le témoignage public de l’Église. De telles attitudes devraient nous faire pleurer sur le témoignage de l’Église, et appellent notre repentance. La mienne en premier. En nous conformant aux réactions de nos contemporains, c’est la voix d’un peuple transformé par l’Esprit qui s’éteint. Demandons au Seigneur de la vie la grâce et l’humilité de faire entendre une autre voix, celle de la foi, de l’espérance et de l’amour.

L’unité de l’Église

Cette voix, c’est aussi celle de l’unité de l’Église, unie dans sa proclamation de la grâce et de la compassion divine. L’unité de l’Église était un souci majeur de l’apôtre Paul, auquel il va donner voix dans la plupart de ses lettres notamment celles aux Corinthiens et aux Romains.

Lors de ses campagnes missionnaires, l’apôtre des païens a fait face à un autre virus, plus violent, plus insidieux, plus dangereux peut-être même : celui de la division. Le chapitre 14 de sa lettre aux Romains devrait être un exemple pour nous. Dans des Églises où cohabitaient des croyants d’origine juive ou non-juive, de nombreuses tensions émergèrent, et elles étaient beaucoup plus cruciales que celle du port du masque ! Dieu avait-il ouvert les portes de son peuple de manière non-discriminatrice à tous ? Que faire de ces lois qui pendant des siècles avaient marqué l’identité du peuple de Dieu ? Que faire de la loi de Moïse ? Vous l’admettrez, ces questions étaient un soupçon plus sensibles !

Et malgré leur importance, Paul développe un principe d’humble charité, qui demande de se mettre à servir dans l’amour en limitant sa propre liberté : « l’un croit pouvoir manger de tout, tandis que l’autre, qui est faible dans la foi, ne mange que des légumes. Que celui qui mange de tout ne méprise pas celui qui ne mange pas de viande, et que celui qui ne mange pas de viande ne juge pas celui qui mange de tout, car Dieu l’a accueilli lui aussi » (Romains 14.2-3). Le principe évoqué par Paul n’est autre que celui de l’unité dans l’amour, qui se pratique en voyant l’autre comme plus important que nos propres opinions. C’est le frère ou la sœur qui vit pour honorer Dieu que nous devons honorer et défendre. Pas notre option sociale ou politique.

Avant de poster notre dernier avis, même bien informé, sur le port du masque, rappelons-nous de ce principe paulinien… que dis-je, de ce principe biblique : « Mais toi, pourquoi juges-tu ton frère ? Et toi, pourquoi méprises-tu ta sœur ? Nous aurons tous à nous présenter devant Dieu pour être jugés par lui. » (Romains 14.10) Sommes-nous prêts à rencontrer notre Dieu, et lui expliquer pourquoi nous avons méprisé notre frère qui conteste le port du masque, ou une sœur qui pense que nous devrions le porter, sans poser de questions ?

Bien sûr, cela ne veut pas dire que les questions posées ne sont pas importantes. Il faut nous demander quelles seront les conséquences sociales des six derniers mois. Il est légitime de questionner la gestion de cette crise sanitaire. Il est crucial de poser la question du rôle omniprésent de la technologie. Tout comme il est sain de prendre un certain recul quant à la fragilité de notre existence.

Cependant, le témoignage public de l’Église ne peut pas se permettre de telles divisions. Il serait alors totalement dénaturé. Avant de cliquer sur « publier », ayons comme désir intense de répondre à cette exhortation : « Ainsi, chacun de nous rendra compte à Dieu pour ses décisions. Cessons donc de nous juger les uns les autres. » (Romains 14.12-13)

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