Tout le monde a besoin d’une bonne théologie, les hommes et les femmes. Une théologie robuste est cruciale pour acquérir des convictions, et les actions, les choix de vie, les paroles qui en découlent.
Mais pourquoi particulièrement les femmes alors ? À cause des défis particuliers auxquels nous sommes confrontées.
Face à ce que va nous amener 2023, nous avons besoin de savoir ce que nous croyons et pourquoi nous le croyons. Nous avons besoin de l’exprimer clairement et de le vivre courageusement.
Malheureusement, parfois nous sommes motivées, mais nous ne savons pas par où commencer. Mais parfois aussi, nous pêchons, par manque d’intérêt, par autodénigrement, par paresse, par émotionalisme ou par vanité, face au défi d’affermir notre théologie.
Nous nous contentons d’une attitude passive lors des prédications le dimanche, de lire des livres qui parlent de la bible, sans lire la bible. Nous choisissons d’écouter des gourous-coach de vie avec un déguisement d’enseignantes de la bible qui vont dans le sens de ce que nous aimons entendre. Face à Dieu et sa parole, nous préférons une approche qui vient du cœur et des émotions. Nous pensons que la théologie revient à intellectualiser notre foi, et que cela en ôte la dimension personnelle, émotionnelle. D’où nous est venue cette idée de mettre les deux en opposition ? Nous traitons la Bible comme une formule magique et certaines d’entre nous ont peur de perdre cette dimension “magique” en mettant leur intelligence, renouvelée par le Saint-Esprit, au service de leur cœur.
Par conséquent, nous connaissons les histoires de la Bible, mais pas la grande Histoire de la Bible. Nous pouvons citer des versets, qui sans leur contexte deviennent des mantras de développement personnel. Nous savons dire à un non-chrétien ce que nous croyons, mais nous sommes incapables de l’expliquer, de le défendre ou de le convaincre.
Alors, pourquoi les femmes particulièrement ont-elles besoin d’une lecture de la bible robuste en 2023 ?
Parce que les femmes souffrent davantage de dépression que les hommes.
En France, on estime que près d’une personne sur cinq a souffert ou souffrira d’une dépression au cours de sa vie.[…] En 2010, 7,5 % des 15-85 ans auraient vécu un épisode dépressif, avec une prévalence deux fois plus importante chez les femmes que chez les hommes.[1]
Les statistiques sont écrasantes. Et sans m’avancer sur les causes de cette inégalité, puisque les femmes sont plus déprimées que les hommes, elles ont d’autant plus besoin d’une bonne théologie de la souffrance.
Il ne s’agit pas de si, mais de quand nous allons souffrir.
Pour les femmes qui ne souffrent pas de dépression, la question de la souffrance reste bien présente. Il ne s’agit pas de si, mais de quand nous allons souffrir.
Face aux géants du désespoir et de la tristesse, un faible et tremblant “je crois que quelque part dans la bible il est écrit que Dieu ne nous fera pas passer par des épreuves plus grandes que nous ne pouvons gérer”, ne fera pas le poids. Déjà, parce que c’est pas tout à fait comme ça que c’est écrit.
Mais ensuite, parce que face aux géants, ou aux poids écrasants, nous avons besoin de lire ce verset dans son contexte, et il commence ainsi : ”Dieu est fidèle”. Nous pouvons expérimenter la fidélité de Dieu à l’échelle de nos vies, mais quand nous ne la sentons pas et ne la voyons pas, il nous faut nous reposer sur les grands récits de l’Ancien Testament ou sa fidélité a été éprouvée sur des millénaires.
Nous avons besoin du Dieu d’Abraham, de l’exode, d’Esther…
Nous avons besoin du Jésus qui a livré un combat féroce contre la mort et le mal et qui est ressorti trois jours plus tard, vivant et vainqueur.
Nous devons comprendre dans la Bible, pourquoi ces histoires nous sont racontées et comment elles viennent affermir notre foi en ce Dieu si fidèle.
Parce que les femmes sont plus ciblées par l’industrie du développement personnel que les hommes.
Les femmes consomment plus de livres de développement personnel que les hommes. J’ai lu récemment un article intéressant.[2] Même si je ne suis pas d’accord avec tout, il a le mérite de mettre en lumière le fait que les femmes sont en constante quête de s’améliorer, d’être au top, tout en se tournant vers les mauvaises ressources pour le faire. Selon lui, l’industrie du bien être sous toutes ses formes est “un épanouissement de surface, source d’épuisement physique et psychologique chez les femmes qui en sont les premières cibles.
Pourquoi nous tournons-nous vers de mauvaises ressources ? Parce que notre relation avec le Dieu trinitaire n’est pas suffisamment satisfaisante, stimulante, transformatrice, pour que nous la considérions comme une ressource. C’est souvent la conséquence de nos lectures de livres insipides et notre attitude passive face à la Parole de Dieu. C’est seulement en apprenant à connaître l’œuvre du Saint-Esprit dans nos vies, telle qu’elle est décrite dans les écritures que nous prendrons conscience de sa puissance inégalée pour nous transformer. Si nous sommes dans le flou sur qui il est, comment il travaille, ce qu’il veut, comment pourrons-nous nous appuyer sur lui pour changer ?
Quand nous citons 1 Corinthiens 3:16 “Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous ?”, est-ce que nous savons vraiment ce que ça veut dire, ou est-ce une citation fragile dont les implications concrètes nous échappent un peu ?
Parce que les femmes ont plus à charge des personnes vulnérables que les hommes.
Un article dans le Figaro nous apprend que 58% des femmes sont “aidantes” d’une personne vulnérable de son entourage.[3] Entendez par là, un enfant ou un adulte handicapé, malade chronique ou tout simplement âgé. Mais rajoutez à cela les enfants dont les femmes ont globalement plus la charge que les hommes, et les chiffres augmenteraient spectaculairement.
Nous sommes les piliers sur lesquels se reposent des personnes faibles et vulnérables. Mais que faire quand nous nous sentons nous mêmes faibles et vulnérables ?
Nous sommes celles qui allons enseigner à la génération future comment craindre et honorer Dieu, mais que faire si nous ne savons pas exactement ce que ça veut dire craindre et honorer Dieu en des termes bibliques ?
Apprenons des psaumes, pour trouver en eux le vocabulaire pour supplier Dieu dans notre fatigue et notre faiblesse. Nous devons apprendre à trouver dans la parole le Dieu qui a relevé David de sa détresse.
Apprenons des psaumes, pour trouver en eux le vocabulaire pour supplier Dieu dans notre fatigue et notre faiblesse. Nous devons apprendre à trouver dans la parole le Dieu qui a relevé David de sa détresse.
Nous devons savoir comment pointer nos enfants vers Jésus en leur lisant l’histoire de Jonas et le gros poisson, Moïse dans son panier.
Cela va prendre du temps, cela va peut -être demander de se former dans son église locale, ou avec des formations en ligne, cela va demander de lire des livres exigeants.[4]
Mais nos responsabilités toutes particulières l’exigent !
Parce que les femmes rencontrent des difficultés à vivre l’Église locale avec les hommes.
Ceci est vrai dans les deux sens. Depuis la chute, le vivre ensemble des hommes et des femmes est devenu difficile.
Mais pour nous les femmes, nous pouvons rencontrer dans l’Église locale deux types d’hommes. Ceux qui vont nous faire nous sentir comme “moins” que ce que Dieu a voulu pour nous, et ceux qui vont vouloir nous faire sentir comme “plus” que ce que Dieu a voulu pour nous dans l’Église locale.
Ce n’est largement pas le cas de tous, fort heureusement.
Mais certains hommes vont avoir une vision telle de la complémentarité qu’ils se poseront comme ceux qui “permettent” ou non des choses aux femmes dans l’Église, s’arrogeant ainsi l’autorité de l’apôtre Paul. Ils détermineront des paramètres de service et de prise de parole tellement étroits aux femmes, qu’elles se trouveront bien en dessous de ce que Dieu a imaginé pour la collaboration entre les hommes et les femmes dans l’église locale.
Il y a ceux, aussi, qui se poseront comme les “défenseurs” des droits des femmes. Ils donneront l’égalité de fonctions aux hommes et aux femmes s’arrogeant ainsi l’autorité de Dieu quand il créa les hommes et les femmes égaux en valeur, mais différents en fonction. Ils mettront les femmes sur un tel piédestal qu’elles se trouveront bien au-dessus de ce que Dieu a imaginé pour la collaboration entre les hommes et les femmes dans l’église locale.
Mais si nos convictions au sujet des hommes et des femmes dans l’Église locale sont basées uniquement sur ce que nous avons hérité de notre culture familiale, ecclésiale, ou sur l’opinion d’une influenceuse chrétienne sur Instagram, nous allons être ballottées avec les mouvements culturels de la société. Nous sommes appelées à nous soumettre à nos anciens dans l’église locale. De la même manière, nous sommes appelées à chercher dans les évangiles, dans les actes, dans la lettre aux philippiens, aux Éphésiens, les écrits de Pierre, toute l’écriture en réalité, à quoi ressemble cette complémentarité, et ce partenariat pour l’évangile. Relisons le récit de Priscille et Aquilas, Evodie et Syntiche, Lydie avec un œil nouveau ! Ces récits nous enseignent à quoi ressemblent les relations entre les frères et les sœurs dans la famille de Dieu.
Pour conclure, ce que je souhaite c’est que pour 2023 nous prenions conscience de trois “P”, nécessaires, avant même les cours à distance, les instituts, ou les livres, pour relever le défi d’être une femme avec une solide théologie en 2023 !
La Parole de Dieu, qui est celle qui est utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice. Nous avons besoin d’y appliquer notre cœur et notre intelligence ….
La Prière qui nous fait croître en intimité et en dépendance avec notre père céleste.
Les Personnes, nos frères et sœurs dans l’église locale, pour marcher avec nous et nous faire croître dans la sanctification.