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NB : La lecture de cet article vous sera profitable si vous lisez avant « Les 5 réservoirs » 1ere et 2eme  parties.

Lors de la publication du livre que j’ai co-écrit avec le Docteur M. Sanders [1], celui-ci a attiré mon attention sur la nécessaire « guérison émotionnelle » des leaders. J’avoue que j’ignorais à l’époque, ce dont il s’agissait. J’ai mieux saisi l’enjeu, quand j’ai été confronté à cette nécessité chez plusieurs de mes « mentorés ».

« Dans le processus de mentorat, il est essentiel de s’occuper des questions de santé spirituelle et émotionnelle , écrit M. Sanders. Historiquement, la santé spirituelle a bénéficié de plus d’attention.  En revanche peu de temps était consacré à la prise en compte honnête de l’aspect émotionnel de la vie et du ministère. […] De nombreux problèmes liés à l’épuisement émotionnel pourraient être résolus si on équipait les leaders de meilleures ressources pour améliorer leur santé affective. Sur ce point, la négligence a entraîné de nombreuses personnes dans le ministère à se sentir « déprimées » spirituellement.[2]»

Le vrai discipulat

Lee Roy Martin écrit : « L’idée centrale des textes bibliques est de convaincre les lecteurs non seulement de ce qu’ils doivent penser (orthodoxie) et de ce qu’ils doivent faire (orthopraxie), mais aussi de ce qu’ils doivent désirer (orthopathie). Pour le dire autrement, le texte contribue à l’apprentissage intellectuel et affectif, qui vise à développer des sensibilités émotionnelles et morales et à atteindre un engagement profond à certaines valeurs. »

Dans les années 1970, Wesley a introduit une notion sous-estimée dans la formation de disciples, comme dans le leadership : l’orthopathie.

Nous sommes familiers des notions d’orthodoxie et d’orthopraxie. Utilisée dans un contexte théologique l’orthopathie fait référence aux bonnes formes de passions, d’émotions et d’empathies. « C’est la dimension émotionnelle et attitudinale de notre foi. Je soutiens que, dans notre souci de l’orthodoxie et de l’orthopraxie, nous finissons par négliger, voire même violer une orthopathie biblique équilibrée, un élément tout aussi vital des normes de foi que les autres éléments sur lesquels nous avons tendance à insister comme évangéliques. » affirme J. W. Mohread [3]

Ce graphique illustre que notre caractère de disciple est le plus probant et cohérent, lorsque l’orthodoxie, l’orthopraxie, et l’orthopathie se confondent ou mieux se fécondent !

Les émotions souvent négligées

Dans certains milieux, parfois évangéliques, les émotions sont jugées trompeuses, voire dangereuses, et donc niées.

Allender et Longman soulignent que : « Les émotions forment une passerelle entre le monde extérieur et le monde intérieur de l’être humain. Le fait de savoir exactement ce que nous ressentons peut déboucher sur des questions que nous préférons ignorer. […] Mais l’absence d’émotions nous dessèche et nous garde distant de Dieu.[4]

Peter Scazzero affirme que la non prise en compte de nos émotions est une erreur : « Jésus nous appelés à mourir à nous-mêmes. « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive [5]. » L’ennui est que nous sommes morts à ce qu’il ne fallait pas ! Nous avons commis l’erreur de penser que mourir à nous-mêmes par amour de l’Évangile signifiait tirer un trait définitif sur nos besoins, sur nos sentiments de tristesse, sur la colère, sur le chagrin, le doute, nos luttes, nos rêves et nos désirs, et sur les sentiments passionnés que nous éprouvions avant le mariage. »

Notre maturité spirituelle passe par une bonne santé émotionnelle.

Orthopathie et santé émotionnelle

C’est Peter Scazzero, notre collègue – Martin Sanders et moi – de la communauté internationale de mentors de Leighton Ford Ministries, qui formule le mieux comment veiller sur sa santé émotionnelle [6].

De plus il développe un concept intéressant, soulignant que « la santé émotionnelle d’une église ne dépasse pas la santé émotionnelle de ses leaders.» [7]

Quand je vois les conflits ou les crises que traversent certaines communautés ou organisations, ou les difficultés de certains leaders, je suis assez convaincu par sa thèse. Certains responsables sont d’une totale sincérité dans leur ministère, mais émotionnellement fragiles ou immatures. Du coup ils réagissent d’une manière inadéquate. Une illustration ? Toute critique sur la marche ou l’organisation de l’église dont ils ont la responsabilité, est perçue par eux comme une mise en question de leur valeur personnelle. Ce qui conduit à des incompréhensions, génératrices de problèmes relationnels.

Peter Scazerro relève les dix premiers symptômes du sous-développement émotionnel :

  1. Se servir de Dieu pour s’éloigner de Dieu,
  2. Ignorer les émotions telles que la colère, la tristesse et la peur,
  3. Mourir à soi-même pour de mauvaises raisons,
  4. Nier l’impact du passé sur le présent,
  5. Diviser notre vie en compartiments « séculier » et « sacré »,
  6. Faire pour Dieu au lieu d’être avec Dieu,
  7. Spiritualiser les conflits,
  8. Couvrir les fêlures, les faiblesses et les échecs,
  9. Vivre sans limites,
  10. Juger le cheminement spirituel des autres personnes.

Il définit six domaines sur lesquels le protégé doit pouvoir se pencher, accompagné par son mentor :

– Creuser sous l’apparence des choses,

– Mettre fin à la tyrannie du passé,

– Accepter notre vulnérabilité,

– Considérez nos limites comme un don,

– Accepter les deuils et les pertes,

– Aimer selon le modèle de l’incarnation.

Dans mon expérience personnelle, comme dans mon ministère, je relève que ces domaines sont d’une importance cruciale dans la vie du leader.

Le mentor, conduit par le Saint-Esprit, doit accompagner son « mentoré » à examiner ces aspects précis de sa vie personnelle, en particulier à l’occasion de crises.

Et vous ?

  • Surveillez-vous votre réservoir émotionnel ou l’avez-vous négligé ?
  • Quelle importance accordez-vous à votre maturité émotionnelle ?
  • Les symptômes évoqués par P. Scazzero font-ilsécho pour vous ?
  • Qu’est-ce qui vous renouvelle émotionnellement ?

[1] Multiplier les leaders Sanders-Stamp, BLF-Éditions,

[2] Ibid page 141

[3] www.patheos.com/evangelical/generous-orthopathy-john-morehead-01-08-2013 consulté le 31/12/2018

[4] L’appel du cœur. Éditions Éditions Le sentier

[5] Marc 8 : 34

[6] Les chemins d’une spiritualité émotionnellement saine. P Scazzero, Éditions Excelcis.

[7] Lire « Je souffre écoute-moi ! » (Ne vous laissez pas décourager par ce titre improbable ! ) P. Scazzero Éditions Empreinte.

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