Aidez TGC Évangile21 à équiper les croyants pour qu'ils restent fermement attachés à l'Évangile dans une culture qui change radicalement.

×
Parcourir

Quand il était petit, il avait peur des murs qui se dressaient, haut devant lui. Les murs nus. Les murs froids. Les murs qui criaient : Non ! Tu ne passeras pas. Il restait au pied du mur, les yeux levés sur cette barrière monstrueuse, entre lui et le monde. Il rêvait d’un monde sans mur.

Il est devenu artiste, et peut-être ceci a-t-il à voir avec cela. La nature est sa principale source d’inspiration.

Il traverse la campagne. Il marche, seul. Il aime les talus. Trois niveaux superposés : montée de terre, herbe, et le ciel, ouvert au-dessus. Au point le plus élevé, une prairie se déploie, d’un vert clair de printemps. Son regard se perd à l’herbe, à perte de vue, et quand un vent vient balayer le champ, la surface entière se met à onduler, comme une toile légère, agitée par le souffle, régulier. La beauté le tient en arrêt. L’herbe va, comme les vagues, au rythme de l’air, sur la mer. Le mouvement est continu. Il tire, de son sac en bandoulière, une caméra avec laquelle il se met à filmer ce qu’il voit : cette ampleur verte, vivante, et qui respire.

Ce chemin de forêt, il le connaît, bien. Il revient là, souvent, à cet espace perdu. Il l’a dit aux siens, d’ailleurs : si vous ne me trouvez pas, venez me chercher là. Il a pris les chemins de sable rose, et se laisse emporter, l’esprit ailleurs. L’herbe monte, au pied des troncs de bouleaux. Il voit, chaque fois, cet espace-là comme un décor de théâtre, tendu. La lumière joue entre les feuilles et sur les troncs. Il arrive où ses pas l’arrêtent, chaque fois, au bord d’un étang. Le ciel et les arbres viennent y confondre leurs reflets. Surface de l’eau, toujours différente, parfois sombre et immobile. Mais il la préfère, comme aujourd’hui, agitée par le passage d’un doux souffle d’air, qui dessine des moires, ondulantes, étoilées, incessantes. Il a tiré la caméra de son sac pour se mettre à filmer.

Il habite une maison de village. A la table des repas, il s’assoit toujours à la même place, et laisse son regard suivre un chemin familier, vers la fenêtre, et au-dehors, les arbres, sur la colline en face. Un rideau de feuillages, somptueux, de l’or d’automne, vit de son souffle propre, au passage de l’air du matin. Il ondule. Il frissonne, comme une peau, au passage de la caresse.

Il s’extrait de la fascination et reprend sa caméra, pour filmer.

Les gens accrochent des tableaux, des photos encadrées, la plupart du temps, pour que vivent les murs de leur maison. Mais ce sont de si petites fenêtres ouvertes sur la vie. Car toujours les murs arrêtent.

Il faut combattre les murs !

L’idée lui est venue d’une autre façon d’utiliser tous ces films réalisés, dans la nature. Il rêve la création de murs animés. Non pas juste un cadre enfermant un décor naturel, mais, sur un pan de mur entier de la maison, et par un système ingénieux de diffusion de l’image, en continu : le vent en vagues sur l’herbe, les ondes de l’eau, miroitantes, ou les feuillages vibrant au souffle d’un matin d’automne.

Il ouvre les mains en souriant.

Esaïe : 60 : 18
« Tu donneras à tes murs le nom de salut
Et à tes portes celui de louange. »

EN VOIR PLUS
Chargement