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« Etes-vous venus au Seigneur en pensant que tous vos problèmes seraient réglés ? Vous ne vous êtes pas trompés, mais il faudra attendre la résurrection finale avant que tout soit parfait. Entre-temps, la vie chrétienne n’est pas toujours rose ». C’est par ce constat à la fois réaliste et encourageant que Pascal Denault introduit son ouvrage « Le côté obscur de la vie chrétienne » (Publications chrétiennes). L’objectif du pasteur québécois est de réfléchir à trois souffrances courantes chez les chrétiens et d’y proposer des remèdes. Dans cet article, nous méditerons sur le premier de ces côtés obscurs de la vie chrétienne : les doutes de la foi, notamment les doutes concernant l’assurance du salut.

Une foi qui doute peut être une vraie foi

Ne pas être certain de son salut peut constituer une véritable souffrance. Mais Pascal Denault se veut rassurant : il n’est pas nécessaire d’être certain de son salut pour être au bénéfice de salut. Pour le dire autrement, de concert avec la Confession de foi baptiste de 1689, « cette assurance infaillible n’appartient pas à l’essence de la foi. Aussi un vrai croyant peut-il attendre longtemps et affronter de nombreuses difficultés avant d’y avoir part ». La Bible distingue en effet entre foi et assurance. Par exemple, les évangiles nous présentent ainsi un homme de foi… qui doute : « Je crois ! Viens au secours de mon incrédulité ! » (Marc 9,24). La foi, même lorsqu’elle est encore en proie au doute, est néanmoins réelle si Christ est son objet.

Tout au long de son livre, Pascal Denault note cependant que toute foi est censée grandir. Elle n’est pas statique, mais dynamique. Lorsque le croyant doute de son salut du fait d’une foi faible, il peut avoir confiance que l’Esprit affermira de plus en plus cette foi. Il arrive aussi qu’un croyant doute de son salut parce qu’il doute de son élection : « Est-ce que j’ai vraiment été élu ? ». Charles Spurgeon rappelle alors avec force : « Allez directement à la croix de Christ, car il a dit qu’il ne mettra pas dehors celui qui vient à lui ». En d’autres termes, insiste Pascal Denault, « ce qui détermine si une personne est sauvée, ce n’est pas le fait qu’elle le sache, mais bien qu’elle croie au nom du Fils de Dieu ».

Le premier pilier de l’assurance du salut : l’œuvre de Jésus-Christ

L’assurance du salut doit donc reposer non pas sur nos sentiments ou nos impressions, mais sur les certitudes de l’Evangile et les promesses de la Parole de Dieu. Pascal Denault relève qu’il s’agit là d’un des trois piliers de l’assurance du salut : l’œuvre de Jésus-Christ. Si mon assurance du salut reposait en moi-même ou se fondait sur mes pensées et mes émotions, elle serait bien fluctuante. Mais elle repose en fait sur une réalité extérieure à moi-même : le sang et la justice de Christ révélés dans l’Evangile. Mon salut est donc garanti indépendamment de ce que je ressens. Comme le rappelle l’auteur, Jésus est entré dans le Ciel comme un précurseur (Hébreux 6,19-20), pour m’y préparer une place. Notre âme est désormais ancrée là-haut, dans le Ciel. Au fil de la vie chrétienne, « notre salut ne deviendra jamais plus parfait qu’il ne l’est déjà, mais notre âme se reposera de plus en plus en découvrant la perfection de son salut ».

Pascal Denault met toutefois en garde contre une fausse assurance du salut. Ma foi, pour être réelle, doit être davantage qu’une simple connaissance (« Je connais le message de l’Evangile ») et même davantage que l’assentiment à ce que j’ai entendu (« Je crois que cela est vrai »). Il faut y ajouter la confiance, l’appropriation, l’acceptation personnelle : « Je crois que cela est vrai pour moi ».

Le deuxième pilier de l’assurance du salut : mes fruits

Ce n’est pas tout : cette foi doit être suivie de fruits. Pascal Denault explique qu’il y a là un deuxième pilier de l’assurance du salut : nos fruits, nos bonnes œuvres. L’assurance du chrétien grandira lorsqu’il constate que la vie de l’Esprit en lui le transforme, le sanctifie. Les puritains appelaient cela « les preuves internes » et « les grâces de l’Esprit ». Le catéchisme de Heidelberg pose cette question : « Puisque nous sommes délivrés de notre misère sans aucun mérite de notre part par la grâce de Christ, pourquoi devenons-nous faire de bonnes œuvres ? ». Réponse : « Pour que nous aussi nous soyons assurés de notre foi par les fruits qu’elle porte ».
Il arrive que des chrétiens doutent de l’authenticité de leur conversion, parce qu’elle n’a pas été spécialement dramatique ou parce que la conviction de péché n’était pas particulièrement intense. Que de tels chrétiens se rassurent : « Ce n’est pas l’intensité de la conversion qui détermine s’il y a eu commencement d’une vie nouvelle, mais ce sont les fruits d’une vie nouvelle qui attestent qu’il y a bien eu une conversion ». Quant à la repentance, « elle n’est pas une simple affaire ponctuelle, mais une réalité continuelle dans la vie du chrétien ».

Un changement intérieur authentique

Quels sont donc les fruits qui attestent que la régénération a bel et bien eu lieu ? Qu’en est-il de ceux qui ont prophétisé ou accompli des miracles au nom de Jésus, mais à qui Christ dira, au dernier jour, qu’il ne les connaît pas ? Les faux chrétiens ont confiance dans ce qu’ils font au nom de Jésus-Christ, plutôt qu’en ce que Christ a fait pour eux. Les faux chrétiens apportent des fruits qui ne sont pas enracinés dans une relation personnelle et vivante avec Jésus-Christ.

Cette vérité est à la fois une impérieuse mise en garde et un encouragement bienfaisant : toute assurance du salut fondée sur des œuvres pratiquées de manière orgueilleuse ou purement extérieure est une fausse assurance ; mais Dieu produit, par le Saint-Esprit, un changement de cœur en profondeur, qui se manifeste pas des fruits authentiques (Galates 5,22). L’Esprit de Dieu ne peut pas rester inactif ! Pascal Denault rappelle donc que la bonne question à se poser est celle-ci : « Les fruits de ma vie chrétienne découlent-ils d’une conformité externe ou d’une transformation intérieure ? ». Par exemple, est-ce que je viens à l’église parce qu’il le faut ou parce que j’ai soif de la Parole de Dieu et envie d’adorer Dieu ? Est-ce que j’aime réellement mes frères et sœurs ? Est-ce que je suis généreux parce que je recherche la bénédiction ou parce que j’aspire à l’avancement du royaume de Dieu ? Est-ce que je suis préoccupé par mes propres intérêts ou par le bonheur de vivre pour Jésus-Christ et de mourir à moi-même ?

Bien sûr, aucun chrétien ne peut affirmer porter parfaitement tous les fruits de la vie nouvelle ! C’est normal. Mais « il y a un fruit qui ne ment pas, et c’est celui de la persévérance dans la foi ». Dieu s’est engagé non seulement à sauver les siens, mais aussi à les transformer.

Le troisième pilier de l’assurance du salut : le témoignage du Saint-Esprit

Finalement, le pasteur réformé baptiste évoque un troisième pilier de l’assurance du salut : le témoignage du Saint-Esprit. « L’Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu » (Romains 8,17). L’Esprit, après avoir convaincu un cœur qu’il est pécheur, vient aussi convaincre ce même cœur qu’il est bel et bien enfant de Dieu. Selon le théologien Louis Berkhof, « l’Esprit témoigne continuellement en habitant dans les cœurs de ceux qui craignent le Seigneur » : il ouvre les yeux, illumine l’intelligence, convainc le cœur, donne la force dans la faiblesse, la victoire dans la tentation, la persévérance dans l’épreuve. Et toutes ces œuvres vivantes de l’Esprit donnent l’assurance aux croyants qu’ils sont enfants de Dieu.
Mais là encore, cette œuvre ne se produit pas du jour au lendemain, rappelle Pascal Denault : « Il ne s’agit pas d’un témoignage instantané ou ponctuel, mais plutôt d’un témoignage continuel et progressif qui s’inscrit dans l’œuvre de sanctification que l’Esprit Saint opère en nous ».

Extrait du livre : https://evangile21.thegospelcoalition.org/book-review/depression-de-lame-necessite-secours-de-dieu/

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