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Discours prononcé à Paris en 1849 par Adolphe MONOD pasteur de l’Eglise réformée à Paris

 

L’Évangile et les opinions

« Il y a une seule foi » (Ep 4.5). Livré à un esprit d’hésitation maladive, le siècle s’étonne et se formalise de l’assurance avec laquelle l’Evangile se pose devant lui comme la vérité divine, seule certaine, seule salutaire. Tant que nous nous bornons à exposer ce que nous croyons, le siècle nous laisse dire, il nous écoute même avec une certaine sympathie… Mais sa faveur se tourne en répulsion dès qu’il nous entend ajouter : Qui rejette cela, rejette l’Evangile, et se place en dehors des conditions du salut qu’il propose. Si nous maintenons la vérité de notre croyance à l’exclusion de toute croyance contraire, nous encourons de la part du siècle le reproche d’exclusivisme. Cet exclusivismeest la seule chose que le siècle ne puisse pas souffrir en fait de doctrine. Il est prêt, dit-il lui-même, à tout inclure, hormis les exclusifs. Ainsi, ne nous demande-t-il, dans la profession de notre foi, qu’un seul changement, qui lui semble ne pas toucher à la foi elle-même : c’est qu’à ces mots dont nous avons coutume de la faire précéder : Voici la vérité, nous veuillons bien substituer ceux-ci : Voici mon opinion.

 

Si l’on se bornait à réclamer cette modération de langage pour des choses qui, malgré leur importance relative, ne constituent pas la substance de la foi et de la vie chrétienne, nous ferions ce qu’on demande de nous ; ou plutôt, nous le faisons déjà, par égard pour l’amour fraternel, et dans l’intérêt de la vérité elle-même.

 

Notre prétendu exclusivisme est dans les habitudes constantes de l’Eglise fidèle. La foi chrétienne s’est toujours annoncée au monde comme la vérité même, jamais comme une opinion contestable. Si donc notre Evangile est exclusif, celui de l’Eglise universelle, celui des apôtres et de Jésus-Christ ne l’est pas moins… Ce libre examen qu’on affecte de donner pour point de départ de la Réforme, qui abandonnerait chaque protestant aux caprices de ses idées personnelles et l’Eglise protestante à une diversité illimitée, les réformateurs n’y ont jamais songé. Les réformateurs n’ont réclamé pour le chrétien d’autre liberté que celle d’examiner la sainte Ecriture par lui-même, mais pour accepter humblement ce qu’elle enseigne, une fois qu’elle a parlé.

 

Ainsi, les confessions de foi du seizième siècle n’ont jamais su ce que c’est que d’adoucir leur témoignage par les ménagements que requièrent les goûts du siècle. Jugez-en par l’une d’elles, notre Confession de foi de La Rochelle. A l’entendre, non seulement « Jésus-Christ a vêtu notre chair pour être Dieu et homme en une seule personne », mais « nous détestons toutes les hérésies qui ont anciennement troublé les églises »sur ce point (art. 14), et que les hérésies modernes ne font guère que reproduire ; non seulement « par le sacrifice unique que le Seigneur Jésus a offert, nous sommes réconciliés à Dieu »( art. 17), mais« nous ne pouvons être délivrés que par ce remède » (art. 17) ; non seulement « notre justice est fondée en la rémission des péchés », mais « nous rejetons tout autre moyen de nous pouvoir justifier devant Dieu, et nous croyons qu’en déclinant de (renonçant à) ce fondement tant soit peu, nous ne pourrions trouver aucun repos » (art. 18). Partout, à côté de l’affirmation, la négation ; à côté de la foi, l’exclusivisme. Même langage dans toutes les confessions de foi protestantes, sans exception d’une seule.

(Texte légèrement abrégé par Ch. Nicolas)


L’exclusivisme ou l’unité de la foi

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