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Je n’ai jamais rencontré un pasteur qui avait du plaisir à dire non aux gens. Je suppose qu’il existe de telles créatures dans le ministère, mais tous les pasteurs que je connais (moi-même inclus) trouvent plus facile de dire : « Mais oui, c’est une idée géniale ! » ou : « Oui, nous pouvons le faire ! » que le contraire : « Désolés, cela ne marchera pas. »

Je ne parle pas des demandes générales pour recevoir des conseils ou pour la prière ou encore pour une invitation à dîner. Toutes celles-là peuvent aussi se révéler des demandes difficiles entre lesquelles il faut naviguer, mais dans cet article je pense spécifiquement aux demandes concernant le ministère. Je pense à des membres d’église bien intentionnés qui se passionnent au sujet de l’eau potable ou du ministère pour promouvoir les soins ou pour l’implantation d’un nouveau réseau d’églises en Turquie, ou pour un millier d’autres bonnes choses.

Ce serait différent si les membres d’église demandaient à leur pasteur d’appuyer de mauvaises idées. « Pasteur, je pense vraiment que l’église devrait être impliquée dans ce ministère d’évangélisation génial par le mime. » Hum, non. Ça, c’est une demande facile à traiter. Ce qui est dur, c’est quand il s’agit de demandes qui viennent de bonnes personnes pour de bonnes choses.

Le fait tout simple — et pourtant si décevant — est qu’aucune église locale ne peut tout faire de ce qui pourrait être fait. Ou pour dire cela plus précisément : vos affaires peuvent ne pas être les affaires de l’église. C’est habituellement dur pour les pasteurs de communiquer et même plus dur encore pour les membres d’église d’écouter. Et pourtant, l’église et le pasteur qui essaient d’être tout pour tout le monde finissent par faire beaucoup moins que ce qu’ils pourraient faire pour Dieu.

Dire non

Pourquoi les pasteurs et les responsables d’église ne peuvent-ils pas dire oui à chaque demande qui leur est faite ? Voici maintenant quelques raisons légitimes.

Pas maintenant.

Dans un monde constitué de gens et de ressources limités, la réponse est quelquefois : « C’est une bonne idée, mais nous ne pouvons pas lancer une nouvelle levée de fonds en ce moment. Nous devons attendre jusqu’à ce que cette campagne capitale soit terminée. » Ou : « Attendons que nous ayons terminé la session du comité d’examen. » Ou : « Nous sommes dans un temps difficile pour le moment et nos pasteurs ont affaire à un certain nombre de crises ; nous ne pouvons pas faire de ceci notre priorité juste maintenant. »

Pas la mission de l’église.

Si la priorité de l’église est le Grand Mandat, alors il y a toutes sortes de bonnes choses que l’église locale n’entreprendra pas, tout ce qui va de la réduction du chômage à la plantation d’arbres dans le parc local en menant des efforts politiques spécifiques.

Pas notre stratégie.

Dans de nombreuses occasions, les gens dans l’église veulent les mêmes choses, mais sont passionnément attachés à des stratégies différentes. Tous seront d’accord, par exemple, pour dire que la communion fraternelle est essentielle bibliquement, mais pour un membre cela signifie l’investissement dans un camp de famille, pour un autre ce sera des sorties du samedi pour manger et pour un autre encore cela voudra dire un bon nombre de voyages missionnaires pour adultes. Toutes ces choses peuvent être bonnes, mais cela ne signifie pas qu’une église doive les faire toutes. Nous devons faire la distinction entre les buts bibliques et les moyens variés pour y parvenir. Dire non aux moyens, ce n’est pas dire non aux buts.

Pas assez de temps.

Des paroissiens bien intentionnés peuvent ne pas réaliser que leurs responsables et pasteurs se sentent déjà épuisés. Aussi une invitation à assister à un événement de plus, ou à patronner une cause de plus ou à ajouter une réunion de prière de plus peut être ressentie comme beaucoup trop quand cela s’ajoute à un emploi du temps déjà saturé. « Vous pouvez certainement dégager du temps pour un repas pendant le mois qui vient. » Ou : « Ce que je vous demande, c’est de me consacrer juste quelques heures un samedi dans les prochains mois. » Ces choses peuvent juste sembler de petites demandes, mais même si un repas pourrait être ajouté ou un samedi matin sacrifié, ces « petites » additions s’empilent rapidement, particulièrement si elles viennent d’une multitude de personnes dans la congrégation.

Pas intéressé.

Ceci peut être la réponse la plus dure à donner, mais parfois c’est la plus honnête. « Pasteur, j’espère vraiment que vous allez m’accompagner dans mon ministère qui réside dans la promenade de chien. C’est une manière remarquable de servir nos voisins et cela ouvre les portes pour l’Evangile. » La réponse la plus sincère est vraisemblablement : « Que Dieu vous bénisse, vous. J’espère sincèrement que ce sera vraiment bien, mais ce n’est pas quelque chose qui m’intéresse. »

Réfléchissez-y bien

Tout cela signifie-t-il que les membres ordinaires de l’église sont à la merci de leurs pasteurs et conducteurs pour prendre les décisions pour tout ministère qui peut prendre place dans et par l’église ? N’y a-t-il rien d’autre à faire pour les membres d’église que d’espérer et prier que leur pasteur puisse développer un intérêt pour leur passion particulière ? Cet article n’est-il qu’un long cheminement pour dire : « il faut faire avec » ?

Je ne l’espère pas.

Mais voici maintenant quelques idées que les membres d’église peuvent garder en mémoire pour tempérer leur déception et pour canaliser leurs énergies dans les voies les plus utiles.

  1. De nombreux ministères magnifiques se mettent en place, sans jamais être un ministère officiel de l’église, ou figurer sur le budget de l’église, ou être annoncés au cours des réunions de l’église. C’est une clef essentielle. Un « non » à la demande de ministère faite par quelqu’un n’est pas nécessairement un « non » au fait que ce ministère puisse exister. Si vous voulez vous réunir et regarder Manifest(NDLR : une série télévisée proposée par NBC) puis discuter des thèmes spirituels et l’utiliser comme un moyen d’atteindre votre voisinage, allez-y (du moins je pense ; car je n’ai jamais réellement vu le spectacle). Nous ne devons pas penser que le « ministère réel » est le ministère qui apparaît sur le site web de l’église et qui se trouve placé sur l’agenda des anciens.
  2. Soyez clairs quant à votre « demande. »Avant d’approcher votre pasteur ou membre de l’équipe des responsables avec une idée de ministère, pensez : Est-ce que je demande la permission ? La bénédiction de mon pasteur ? Un soutien financier ? Une supervision ? Un investissement en temps et en personnes ? La création d’un ministère ou d’un département de l’église ? Dans la dernière église où j’ai servi il y avait un membre qui souhaitait avoir le soutien formel du pasteur chaque année avant d’aller en voyage en Afrique pour y creuser des puits. J’étais plus qu’heureux de donner ma permission et ma bénédiction pour cette bonne œuvre. Nous priions même pour lui depuis l’estrade pendant son voyage. Mais s’il avait voulu que l’équipe pastorale démarre un nouveau ministère de creusement de puits, cela aurait été une affaire totalement différente.
  3. N’espérez pas que des requêtes informelles obtiennent une considération formelle. « Pasteur, j’aimerais vraiment que nous ayons un comptoir de librairie dans le hall d’entrée de l’église. Ce serait une belle manière de donner de nouvelles ressources à nos membres et de mettre de bons livres entre les mains de nos visiteurs. » C’est une idée merveilleuse, mais ne vous attendez pas à recevoir plus d’encouragement qu’un email rapide ou sous la forme d’une exhortation amicale dans une ligne de salutation. Ce serait mettre le fardeau sur les épaules du pasteur de prendre en charge votre idée, de la développer, de la piloter lors du processus d’approbation, de la mettre en œuvre et de la maintenir. Si réellement vous souhaitez un comptoir de librairie dans le hall, écrivez votre proposition, expliquez qui va s’en occuper, comment cela sera financé, comment cela sera maintenu dans le temps, et alors, demandez au pasteur à qui vous devriez en parler afin de voir si cela peut être une idée que les conducteurs souhaiteraient développer.
  4. Une question de manières. Je peux vous dire après plus de 15 années de ministère pastoral que les roues grinçantes ne recevront pas de graisse. Les roues patientes, humbles et gentilles obtiennent de la graisse. Quand des personnes viennent faire des demandes et agissent comme si leur passion était la seule chose qui compte, cela effraie la plupart des gens. Si vous venez avec gentillesse et en comprenant que tout un tas de choses sont déjà en route, la plupart des gens sont ouverts pour écouter ce que vous avez à dire.
  5. Souvenez-vous que vous avez aussi à dire non dans votre vie et aussi dans votre carrière. Des parents ne peuvent pas faire tout ce que leurs enfants leur demandent. Les employeurs ne peuvent donner suite à toute requête émanant de leurs employés. Les chefs d’entreprises ne peuvent répondre à toute bonne suggestion que les consommateurs leur font. Cela n’a rien de personnel. Si vous ressentez fortement qu’un programme ou une initiative manquent dans votre église, faites votre suggestion humblement et d’une façon qui montre que vous avez déjà fait tout un travail pour développer votre plan, et alors communiquez votre bonne volonté pour faire tout le travail pour que le plan germe et pour le garder en développement.

Conclusion

Cela ne porte pas tant sur un enjeu spécifique dans l’église aujourd’hui que sur la question de la pression que les pasteurs et les églises ressentent quotidiennement. Une dynamique se fait jour dans un trop grand nombre d’églises qui fait que les pasteurs deviennent grincheux et que les membres d’église voient leurs sentiments heurtés sans nécessité. J’espère qu’avec un peu de bon sens commun, quelques attentes réalistes et quelque patience pleine de grâce, nous pourrons développer les habitudes et dispositions qui feront que nous serons moins frustrés nous-mêmes et moins frustrants pour les autres. L’église peut ne pas être capable de faire ce qui vous tient à cœur, mais cela ne signifie pas que ce qui vous tient à cœur ne peut être une bénédiction pour l’église.

Traduit de When Churches Can’t Do Everything

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