Question : quelle est la position de la Bible sur le don d'organe sachant que notre corps ne nous appartient pas, que nous sommes créatures aux yeux du Créateur, et que nous sommes le temple du Saint-Esprit? (1 Corinthiens 6).
Réponse :
Historique. Contrairement à ce que l’on pense, la problématique du don d’organe ne date pas d’hier. Les historiens relatent des greffes chez les Égyptiens, les Indiens ou les Hébreux et la première greffe animale date de 1744 ! Passé cette mise au point, nous devons reconnaître une recrudescence de la pratique après-guerre avec l’apparition de nouvelles techniques médicales. Une seconde accélération eut lieue dans les années 80, liée à des découvertes immunologiques fondamentales et l’apparition d’un puissant traitement antirejet : la ciclosporine.
Définition. La greffe est le transfert de tout ou partie d’un organe appelé greffon à un tiers qui en a besoin. Hormis les autogreffes, c'est-à-dire le transfert d’un greffon dans un même corps, on sait greffer couramment six organes – Rein, foie, cœur, poumon, pancréas, intestin, le rein représentant 60 % des greffes réalisées aujourd’hui. On compte en 2015, 5746 greffés en France, soit plus de 30% qu’il y a dix ans.
Problématique. Qui dit greffe, dit greffons et donc don d’organes. Face à cette possibilité technique se pose la question légitime de notre conduite éthique : Etre donneur ? Etre receveur ? Encourager ? Modérer ? Interdire ? La Bible ne mentionne pas directement le don d’organes. Pour étayer notre réponse, nous devons donc nous contenter du faisceau d’arguments suivant :
- La responsabilité du corps. A la question « à qui appartient mon corps », la Bible répond clairement : le corps appartient au créateur qui l’a façonné (Psaume 139) et qui en retire le souffle quand il veut et où il veut (Psaume 90.3) Mais la Bible nous informe aussi que le créateur a confié le corps à la personne qui l’habite. Ainsi la personne est libre d’utiliser son corps en toute liberté. Cependant, elle devra répondre de cette responsabilité devant Dieu (Ecclésiaste 12). Le don d’organe fait partie de cette liberté dont l’Homme devra répondre devant Dieu.
- La notion de greffe dans la Bible. Soulignons que la Bible parle abondamment du sujet de la greffe botanique et pour des sujets théologiques majeurs : Jésus l’aborde en Jean 15 dans la parabole fondamentale du cep et des sarments. Paul l’utilise pour parler d’une autre notion fondamentale : celle de notre union au Christ (Romains 6) ou de l’intégration de l’Église au plan rédempteur de Dieu (Romains 11). Ce qui prouve que Dieu n’est pas contre le principe de greffe !
- La valeur du don de soi. Jésus précise en Jean 15 qu’ « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis ». Accepter le sacrifice du corps, donc a fortiori d’une partie du corps, c'est-à-dire un don d’organe est en corrélation avec l’enseignement biblique.
- L’espérance d’une résurrection. La Bible révèle une espérance unique : celle de recouvrir un corps incorruptible pour l’éternité. La perte d’un organe dans notre vie actuelle n’a donc aucune conséquence sur notre avenir éternel puisqu’il sera remplacé !
Au final, la question du don d’organe est légitime, que ce soit un don post mortem ou un don de notre vivant. Rien dans la Bible ne l’interdit formellement, et les arguments vont plutôt dans le sens d’une autorisation. Puisque notre corps est le temple du Saint-Esprit, le don d’organe est une question avant tout spirituelle. Retenir avec excès est une preuve d’égocentrisme, donner sans réfléchir au péril de sa vie est une preuve de déraison. Dans chaque cas, le Moi évince le Dieu créateur. La prière et la réflexion active semblent donc nécessaires pour rechercher la volonté de Dieu avant une telle décision. Décision qui restera, quoiqu’il arrive, personnelle et individuelle.
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