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3 angles morts pour le jeune dirigeant chrétien

J’ai prêché mon premier sermon à l’âge de 16 ans, en deuxième année, au gymnase du lycée. J’ai commencé à être pasteur associé d’un groupe de jeunes à l’âge de 21 ans. Je faisais un circuit de quelques conférences locales à l’âge de 31 ans comme pasteur de collège et enseignant. Actuellement, je suis membre de l’équipe de direction d’une mégachurch qui prêche l’Évangile.

Et aujourd’hui, je me méfie plus de moi-même que je ne le faisais durant mes 13 dernières années de ministère. Chaque année, je suis confronté à des angles morts que je n’avais pas vus auparavant. Je ne peux m’empêcher de m’étonner du fait qu’aujourd’hui, je ne vois pas des choses que je verrai l’année prochaine à la même époque.

Voici trois angles morts auxquels les jeunes responsables sont particulièrement susceptibles d’être exposés – ceux que j’ai découverts par l’expérience.

1. Nous ne sommes pas aussi authentiques que nous le pensons.

Alors que nous disons que nous apprécions l’authenticité, nous pouvons ne pas être aussi honnêtes avec nous-mêmes que nous le pensons. Bon nombre d’entre nous en sont encore à découvrir notre propre voix dans la prédication et la direction. Nous imitons bien plus que nous ne savons réellement. J’ai vu bon nombre de mes pairs reproduire la manière de Keller, Chandler, ou Piper quand ils prêchent (et purement et simplement régurgiter le contenu de leurs prédications comme si c’était de leur propre cru). Nous parlons de la théologie des villes sans connaître aucune statistique démographique au sujet de la banlieue où se trouve notre propre église. Nous défendons passionnément des positions à cause de cours de séminaires que nous avons suivis trois ans plus tôt, même alors que nous tâtonnons dans la Bible pour trouver le texte d’appui de cette position.

Il est très bien d’être un écho avant de devenir une voix.

Le point principal est que nous sommes encore en progrès. Nous grandissons, apprenons et évoluons en tant que communicants et dirigeants. Tant que nous proclamons que nous sommes une génération plus honnête, « fidèle à elle-même », nous sommes trahis par qui  apparaît dans nos ministères semaine après semaine. Il est très bien d’être un écho avant de devenir une voix. Mais cet écho devrait avoir suffisamment d’intégrité pour ne pas feindre une originalité complète dans ce que nous enseignons ou tweetons.

2. Nous ne sommes pas aussi dociles que nous le pensons.

Je me souviens que j’étais assis avec un jeune dirigeant qui était au milieu de la vingtaine et qui voulait discuter de sa difficulté dans ses relations avec son pasteur principal. Je ne fus pas autant décontenancé par ses questions que je ne le fus par la surprise qu’il montrait à constater combien il est difficile de se soumettre. J’ai eu cette conversation bien souvent avec différents dirigeants.

Maintenant, je sympathise pleinement avec cette lutte. La combinaison d’une plus large crise de la direction, d’une chute de la moralité bien trop commune et l’individualisme occidental qui fait de « moi » l’autorité ultime, nous a rendus naturellement méfiants quand il s’agit d’une autorité extérieure. Mais l’ironie de la chose est que nous sommes aveugles au danger que représente notre propre autorité dans le processus. Nous avons maîtrisé l’art d’être suspicieux des autres et rarement méfiants de nous-mêmes.

Nous avons maîtrisé l’art d’être suspicieux des autres et rarement méfiants de nous-mêmes.

Il est facile de servir en paroles nos superviseurs . . . sans nous soumettre réellement. Il est facile de les calomnier ou de médire d’eux derrière leur dos . . . tandis que nous acquiesçons en baissant la tête sous leurs yeux. Mais la soumission réelle est inconfortable, parce qu’elle nous rend vulnérables ; elle invite une autre personne à prendre réellement le contrôle. Si la soumission ne nous semble jamais inconfortable, il se peut que nous nous pliions devant l’idole de vouloir plaire aux gens et être acceptés par eux.

3. Nous soignons la plateforme plus que nous le pensons.

Étant donnée l’omniprésence de la « construction de plateforme » à l’âge d’internet, les plus jeunes conducteurs – qui ont grandi à l’époque des likes, des followers et des mentions sur Twitter – sont particulièrement exposés à cette tentation.

Comment savez-vous si c’est un angle mort dans votre vie ? Quand vous utilisez simplement les gens dans votre sphère d’influence immédiate afin d’attirer l’attention des personnes au-delà de votre sphère immédiate, vous êtes en train de vous bâtir une audience. Si vous êtes « grand » dans une campagne de référencement (SEO en anglais), dans les médias sociaux et par un blog, mais que vous ne connaissez pas les peines et les combats des gens que vous êtes appelés à diriger, vous ne recherchez que la plateforme.

Nous devons constamment nous souvenir que c’est un privilège de servir dans un contexte local. Vous pouvez alors être dans des relations réelles, incarnées et avoir ainsi un siège au premier rang pour voir Dieu transformer les vies. En fait, les personnes que vous servez sont en un sens la plateforme ultime, puisqu’en aimant bien le corps de Christ, c’est lui que vous aimez bien.

Considérez un instant quelle grande influence vous avez dans votre église en tant qu’étudiant pasteur, conducteur de la louange ou stagiaire dans le ministère. Votre fidélité à la ressemblance de Christ ou au contraire votre folie égocentrique peuvent avoir un effet durable et profond sur ceux qui vous entourent. Quoique cela puisse sembler moins romantique que le fait de collectionner des likes et des retweets en tant qu’influenceur digital, cela est tout aussi réel comme influence, si ce n’est pas davantage.

Comment corriger votre vision ?

Ainsi, comment pouvons-nous, en tant que jeunes dirigeants, corriger notre vision pour mieux voir ces enjeux ordinaires sur lesquels nous sommes aveugles ? Voici trois suggestions.

1. Fréquentez des dirigeants plus âgés qui n’ont pas besoin de vous.

J’ai eu récemment une conversation avec un pasteur dans la soixantaine qui n’était aucunement impressionné par moi. Il m’a laissé avec un conseilsain et cela m’a glorieusement éclairé (et humilié). Nous avons tendance à vouloir nous trouver en compagnie de ceux seulement qui nous encouragent. Mais il est aussi important de fréquenter ceux qui n’ont pas besoin de notre approbation et qui veulent dire la vérité et façonner la fidélité, plutôt que de nous dire seulement ce que nous souhaitons entendre.

2. Bâtissez des amitiés avec ceux qui sont différents de vous.

« Différents » cela peut se concevoir en termes ethniques, culturels, quant à la philosophie du ministère ou même issus d’une tribu théologique différente. En faisant cela vous allez voir votre chambre d’écho se rétrécir (« Mon monde n’est pas le monde ») et votre vision du royaume de Dieu va croître (« Waouh, son règne est plus grand que ce que je pensais »). Si vous pouvez avancer encouragés et mis au défi au travers d’une communion avec quelqu’un de différent de vous, vous allez faire le meilleur pour que cela marche et il en sera ainsi pour les personnes que vous conduisez.

3. Écoutez ceux qui sont les plus proches de vous.

Ma femme connaît mes tendances mieux que qui que ce soit d’autre. Quand elle parle dans ma vie, je sais qu’elle a quelque chose à me dire, même si je n’aime pas ce que j’entends de sa bouche. Le ministère a sa façon de nous attirer sur la scène publique, puisque c’est là que l’excitation semble se trouver – mais la vie de proximité de personne à personne est le lieu où les gens nous connaissent le mieux. Soyez attachés à l’inconfort de l’ordinaire. C’est là où Dieu accomplit quelques unes de ses œuvres les plus extraordinaires dans nos cœurs.

Je suis étonné par le fait que Jésus ait attendu trois décennies avant de commencer son ministère terrestre. Il savait qui il était. Sa mission était de faire l’œuvre du Père, non de se construire une plateforme. Il venait pour servir et donner sa vie comme la rançon de beaucoup (Marc 10:45). Il mettait son intérêt dans le fait d’être un serviteur, et non une célébrité. Puissions-nous suivre son exemple dans notre propre ministère.

Traduit de : 3 Blind Spots of the Young Christian Leader

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