La première chose à décider, c’est à qui consacrer notre temps. Nous disposons d’un nombre d’heures limité chaque semaine. Nous ne pouvons pas former toute l’Église.
Comment décider en qui nous investir ? Nous devons choisir.
Bible en main, comment devrions-nous décider en qui s’investir ? Voici neuf facteurs à prendre en compte, de préférence dans cet ordre.

Faire des disciples
Dans ce petit guide, Mark Dever nous explique comment la formation de disciples devrait fonctionner dans l’Église locale. En s’appuyant sur les Écritures et des exemples de la vie quotidienne, l’auteur nous encourage à devenir des disciples qui font d’autres disciples et à cultiver la croissance spirituelle au sein de nos assemblées.
1. Un membre de la famille
Paul dit : « Si quelqu’un n’a pas soin des siens, et principalement de ceux de sa famille, il a renié la foi, et il est pire qu’un infidèle » (1 Ti 5.8). Dans ce passage et d’autres encore, la Bible enseigne que chacun a une responsabilité particulière envers les membres de sa propre famille. Dans une famille, Dieu établit des relations qui durent toute une vie et un environnement naturel où développer l’affection et le souci des autres. Ces affections et ces responsabilités naturelles devraient être employées au service de Christ. C’est particulièrement le cas lorsque l’on vit au même endroit que les membres de sa famille. C’est d’autant plus le cas si les Écritures nous chargent d’une responsabilité spécifique comme dans le cas des parents envers leurs enfants ou des époux l’un envers l’autre. Ces relations représentent la mission de formation la plus importante que nous aurons dans notre vie.
2. La disposition spirituelle
Nous devrions communiquer l’Évangile à nos amis non chrétiens, mais cela n’aurait aucun sens de les former comme s’ils étaient chrétiens. Paul nous dit ceci : « Mais l’homme naturel n’accepte pas les choses de l’Esprit de Dieu, car elles sont une folie pour lui, et il ne peut les connaître, parce que c’est spirituellement qu’on en juge » (1 Co 2.14). Nous devons former des disciples parmi les chrétiens.
3. Le statut de membre d’une église
Au chapitre 6, nous avons évoqué des tâches tirées de l’épître aux Hébreux :
Souvenez-vous de vos conducteurs qui vous ont annoncé la parole de Dieu. Considérez quelle a été la fin de leur vie, et imitez leur foi. Obéissez à vos conducteurs et ayez pour eux de la déférence, car ils veillent sur vos âmes dont ils devront rendre compte ; qu’il en soit ainsi, afin qu’ils le fassent avec joie, et non en gémissant, ce qui ne vous serait d’aucun avantage (Hé 13.7,17).
Ces versets nous appellent sans aucun doute à respecter les responsables de nos Églises. Cependant, comme je l’ai déjà expliqué dans les chapitres précédents, cela insinue également que le schéma habituel de la vie de disciples est plus adapté au contexte relationnel de notre propre Église.
Nous avons une responsabilité plus grande envers notre propre assemblée, c’est-à-dire de l’aider et de la laisser nous aider. Les membres d’une même Église suivent et se soumettent au même groupe d’anciens. Ils proclament la même déclaration de foi et ont le même engagement envers l’Église. Ils reçoivent le même enseignement concernant les questions primaires et secondaires. Ils se voient au minimum une fois par semaine. C’est pour toutes ces raisons qu’il est tout à fait normal d’entretenir des relations de disciples dans sa propre Église.
De plus, si l’un de nos amis fréquente une Église en mauvaise santé, nous pourrions nuire à sa vie spirituelle en le formant. Comment est-ce possible ? Ironiquement, le soutien spirituel qu’on lui procure lui permet de rester dans une Église qui n’enseigne pas la Bible. Ce n’est pas une règle absolue, mais il serait peut-être préférable d’encourager notre ami à se joindre à une Église plus saine. Les chrétiens ont besoin du corps entier, pas seulement de nous.
4. Le sexe
Les Écritures sont sensibles à la différence des sexes en matière de formation de disciples. Dans Tite par exemple, Paul dit :
« Les femmes âgées doivent donner de bonnes instructions, dans le but d’apprendre aux jeunes femmes à aimer leur mari et leurs enfants, à être retenues, chastes, occupées aux soins domestiques, bonnes, soumises à leur mari, afin que la parole de Dieu ne soit pas calomniée » (Tit 2.3‑5).
En public, j’enseigne aux hommes et aux femmes. Nous avons tous un père et une mère, et plusieurs d’entre nous ont des frères et sœurs ou un conjoint. À vrai dire, former des personnes du sexe opposé est prévu pour le cadre familial.
Dans l’Église, nous sommes engagés envers des hommes et des femmes, et nous avons des amis de la famille.
Toutefois, lorsqu’il s’agit de relations normales et intentionnelles de formation de disciples, je dirais qu’il est plus sage que les hommes forment des hommes et que les femmes forment des femmes. Nous reconnaissons que la différence des sexes est une réalité instaurée par Dieu et nous la prenons en compte avec respect. Nous devons aimer tout le monde dans l’Église, mais nous devons également veiller à éviter une intimité inappropriée.
5. l’âge
Tout comme les Écritures accordent de l’importance au sexe, elles en accordent aussi à l’âge. Dans le passage de Tite que je viens de mentionner, les jeunes femmes apprennent des plus âgées. Dans un autre passage, Paul recommande à Timothée de ne permettre à personne de mépriser sa jeunesse. Pourtant, dans cette même épître, il l’encourage à ne pas réprimander rudement le vieillard (1 Ti 4.12 ; 5.1).
En temps normal, nous formons des personnes qui sont plus jeunes que nous-mêmes. Cela dit, les Écritures contiennent de nombreuses exceptions où des individus plus jeunes enseignent aux plus âgés. Et à mesure que nous avançons en âge, nous devons aussi progresser dans l’humilité en laissant des personnes de notre âge, voire plus jeunes, nous enseigner. Sinon, nous n’aurions plus personne pour nous former ! Personnellement, je me rends compte que j’apprends autant de mes amis qui sont dans la vingtaine ou la trentaine que de ceux qui ont soixante-dix et quatre-vingts ans.
6. Différents de nous
Peu de choses démontrent avec autant de clarté la puissance de l’Évangile que l’unité qu’elle crée entre des personnes provenant de différentes catégories de ce monde. La lettre aux Éphésiens annonce ceci : « car par [Christ] les uns et les autres [juifs et non-juifs] nous avons accès auprès du Père, dans un même Esprit » (Ép 2.18). Le mur qui séparait les juifs des non-juifs s’est effondré à la croix. La sagesse de Dieu se manifeste désormais à travers l’unité de ces personnes qui étaient autrefois absolument divisées (Ép 3.10). L’unité expérimentée aujourd’hui par l’Église malgré les différences ethniques, économiques, d’éducation ou autres est un aperçu du jour où « une grande foule, que personne ne [pourra] compter, de toute nation, de toute tribu, de tout peuple, et de toute langue » se tiendra devant le trône dans l’adoration (Ap 7.9,10).
Qu’est-ce que cela signifie concrètement ? Si vous cherchez quelqu’un à former, les mères d’âge moyen devraient être amies, les jeunes couples mariés devraient passer du temps ensemble et les jeunes hommes célibataires devraient se tenir ensemble. Ces groupes ont des affinités en commun que Dieu peut utiliser pour les faire grandir. Néanmoins, réfléchissons aussi à tout ce que nous pourrions apprendre en passant du temps avec des étudiants et en travaillant avec des enfants ou des jeunes. Pensons à ce que cela nous apporterait d’aider des immigrants britanniques, brésiliens ou coréens, ou si vous êtes un jeune marié caucasien, de rencontrer un homme marié afro-américain plus âgé.
Nous n’imaginons pas tout ce que Dieu a à nous enseigner à propos de lui en nous faisant côtoyer des personnes différentes de nous ! Et nous n’imaginons pas combien notre unité reflète l’Évangile, non seulement dans l’amour que nous avons les uns pour les autres, mais aussi lorsque nous apprenons les uns des autres.
7. Enseignables
Tout au long du livre des Proverbes, le fils qui fait bon accueil à l’enseignement est honoré et celui qui méprise la correction, l’instruction et les conseils est répudié. En outre, on peut y lire que Dieu « conduit les humbles dans la justice et enseigne aux humbles sa voie » (Ps 25.9 ; voir aussi Pr 11.2).
Par conséquent, Pierre recommande ce qui suit : « De même, vous qui êtes jeunes, soyez soumis aux anciens. Et tous, dans vos rapports mutuels, revêtez-vous d’humilité, car Dieu résiste aux orgueilleux, mais il fait grâce aux humbles » (1 Pi 5.5).
Ne perdons pas de temps à essayer de former quelqu’un qui pense ne rien avoir à apprendre de nous ou de quiconque.
Formons celui qui est enseignable et efforçons-nous de l’être nous aussi.
8. La fidélité pour former d’autres disciples
J’ai également mentionné plusieurs fois les paroles que Paul exprime à Timothée : « Ce que tu as entendu de moi en présence de beaucoup de témoins, confie-le à des hommes fidèles, qui soient capables de l’enseigner aussi à d’autres » (2 Ti 2.2).
Nous voulons former chacun, mais nous devons particulièrement former ceux qui en formeront d’autres qui eux, en feront à leur tour. Faire des additions, c’est bien, mais si nous avons la possibilité de faire des multiplications, c’est encore mieux. Nous ne formons pas simplement la prochaine génération ; nous tentons d’atteindre les générations à venir !
9. La proximité et les emplois du temps
Enfin, croyez-le ou non, la Bible accorde de l’importance au temps et à nos horaires chargés. Paul écrit : « Ainsi donc, pendant que nous en avons l’occasion, pratiquons le bien envers tous, et surtout envers les frères en la foi » (Ga 6.10).
Il existe un certain nombre de versets comme celui-ci qui nous encouragent à bien utiliser notre temps (voir Ép 5.16).
Cette dernière caractéristique relève de la sagesse. Toutefois, dans l’ensemble, je recommanderais de trouver des personnes dont les emplois du temps sont semblables au nôtre. Nous devons également prendre en compte les endroits où nous vivons et travaillons, nos engagements envers notre famille, notre emploi et notre Église. Il faut partir du principe que Dieu ne nous demande rien d’impossible. Et bien entendu, Dieu prépare à l’avance de bonnes œuvres pour que nous puissions les pratiquer (Ép 2.10). Comme dans l’histoire du bon Samaritain, il met parfois sur notre route des personnes que nous n’aurions pas côtoyées en temps normal. Il s’agira peut-être d’un membre de l’Église qui travaille dans la même entreprise ou dont l’enfant participe aux mêmes événements sportifs que nos enfants. Il s’agira peut-être d’une personne dont la femme ou le mari a quitté le foyer conjugal, et qui nous demande de l’aide.
En bref, soyons sages et réfléchis lorsque nous choisissons les personnes à qui nous allons consacrer notre temps, mais souvenons-nous que la providence du Seigneur dépasse parfois nos plans. Loué soit Dieu, car cela nous garde dépendants de lui !