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Quelle est la ressource qui nous fait souvent le plus cruellement défaut et dont nous avons pourtant tellement besoin ? Le temps ! Les minutes nous sont comptées… Alors que l’été touche à sa fin et que nous sommes « repartis pour un tour » dès la rentrée, il n’est pas inutile de réfléchir à notre rapport au temps et de méditer à de bonnes résolutions. Les enjeux : est-ce vraiment sain de mener une vie de fou ? Peut-on être actif sans devenir hyperactif ?

Trop de sollicitations

Notre monde va vite, et nous aussi. Vous arrive-t-il de vous réveiller le matin avec, comme première pensée, la liste de toutes les choses que vous aurez à faire au cours de la journée ? Nous espérons alors parvenir à « travailler suffisamment pendant les 18 prochaines heures pour remporter la victoire contre le monstre de l’affairement et survivre jusqu’au lendemain matin », constate Kevin DeYoung dans son livre « Vie de fou » (éd. Impact). Et ce n’est pas facile dans un monde toujours plus complexe et connecté, où tout va (trop) vite, où les sollicitations et les responsabilités sont innombrables, où les offres de loisirs et de relations sont croissantes. Pour Frédéric Baudin, auteur de « Mon oncle Salomon. Apologie de Qohélet » (éd. Kerygma), dans cette recherche de l’immédiat, « on ne prend plus le temps, on s’en déprend. On n’attend plus du temps qu’il nourrisse l’espérance, on méprise les vertus de sa consistance, on ne fait plus l’éloge de la lenteur, on a perdu le tempo du temps ».

Notre vie de fou éteint notre vie spirituelle

Cette « course contre la montre » est-elle sage ? Non, trois fois non, répond Kevin DeYoung, qui confesse avoir bien des combats en la matière. « Lorsque nous menons une vie de fou, nous mettons notre âme en péril ». D’abord, parce que l’affairement ravit la joie à laquelle tout chrétien est appelé (Phi. 4.4). Comment être heureux lorsque notre « to-do-list » obnubile nos pensées ? La voiture à réparer, les mails à écrire, les paiements à effectuer, les rendez-vous à fixer pour aller boire un café avec diverses connaissances, ce livre à lire, les courses à faire et le repas à préparer, la rencontre des parents d’élèves, et ainsi de suite. Sans compter bien sûr nos multiples obligations professionnelles, dans un monde du travail qui veut sans cesse maximiser notre productivité.

« Pour la majorité d’entre nous, ce n’est ni l’hérésie ni l’apostasie qui pousseront notre profession de foi à dérailler. Ce sont les soucis de la vie », met en garde Kevin DeYoung. « C’est la vie de la plupart d’entre nous, et elle tue à petit feu votre vie spirituelle ». Cela va souvent de pair avec de grands efforts déployés pour gagner de l’argent et acquérir des biens dont nous avons soi-disant à tout prix besoin, pour avoir une vie confortable, « offrir le meilleur » à nos enfants, planifier des loisirs distrayants. Mais le paradoxe, c’est qu’à force de courir, nous risquons de ne jamais profiter de l’instant présent, de jouir des bonnes choses que Dieu nous donne « sous le soleil ». Pire, nous risquons même de ne plus prendre le temps de réfléchir à notre vie et à son sens, à nos idoles et à notre péché, et in fine à L’ÉVANGILE. « L’activisme tient le croyant loin du Seigneur, use inutilement ses forces et le conduit un jour ou l’autre au découragement, voire à la dépression », ajoute André Adoul dans « Propos sur le temps » (éd. LLB).

L’orgueil de s’affairer pour « devenir quelqu’un »

Alors que faire ? On peut voir au moins trois remèdes. Tout d’abord, prendre le temps d’examiner s’il y a des idoles derrière notre affairement. Par exemple l’orgueil : le désir de courir dans tous les sens pour se prouver quelque chose à soi-même, pour gagner en prestige, pour devenir quelqu’un. L’affairement provient parfois de la volonté de montrer aux autres combien nous sommes des gens occupés, voire même consacrés. Plus subtilement encore, penser que nous sommes irremplaçables est aussi une forme d’orgueil. Sondons donc nos motivations, même si la limite est parfois ténue entre « vouloir rendre service » et « chercher à recevoir des petites tapes dans le dos ». La Bible nous enseigne que notre valeur est en Christ : Il ne nous aimera pas davantage si nous en faisons plus. Elle nous rappelle aussi que nous travaillons non pas pour plaire aux hommes, mais pour la gloire de Dieu. À méditer…

Fixer des priorités… et des postériorités

Deuxième remède à l’affairement, fixer des priorités. Kevin DeYoung rappelle que même Jésus n’a pas pu tout faire, en effet, il n'a pas redonné la santé à tout le monde, il a quitté certaines villes pour se rendre dans d'autres. Il n'a pas essayé de tout faire. Et pourtant, « si Jésus était encore parmi nous aujourd’hui, Il recevrait certainement plus de courriels qu’aucun d’entre nous. Son téléphone cellulaire serait constamment en train de sonner. Il recevrait un nombre infini d’invitations à accorder des interviews, à apparaître à la télévision et à donner des conférences ». Mais malgré ces multiples pressions, Il n’est jamais devenu surexcité, anxieux, irritable, fier, envieux ou distrait par des choses sans importance. « Il comprenait que toutes les bonnes choses qu’Il pouvait faire n’étaient pas forcément les choses qu’Il devait faire », remarque Kevin DeYoung. « Il connaissait ses priorités et aucune tentation de mener une vie de fou n’a réussi à le faire dévier de son sentier ».

 ÉTABLIR nos priorités est une déclaration d’amour envers les autres et envers Dieu

Quelles sont nos priorités ? Il est impératif de les fixer, puisqu’il est impossible de tout faire. Qui dit « priorités », dit aussi « postériorités », ces choses que nous sommes obligés de placer en queue de liste de nos activités. Car dire oui à telle occupation, cela implique de dire non à une autre. Il s’agira par exemple de dire non à un voisin qui veut venir boire un café, afin de pouvoir finir calmement notre prédication ; ou de dire non à ce frère qui veut nous faire lire un livre de 200 pages sur la philosophie de Descartes, pour pouvoir passer une soirée de qualité en famille. Et dans tous ces choix difficiles, nous devons nous déculpabiliser, en prenant conscience qu’il est impossible de tout faire. C’est même bibliquement plus sage : « ÉTABLIR nos priorités est une déclaration d’amour envers les autres et envers Dieu », insiste Kevin DeYoung. Cet amour se manifestera en particulier par des temps de qualité avec Dieu et avec nos premiers prochains : le culte personnel et les temps en famille seront ainsi toujours prioritaires.

Se reposer n’est pas un péché

Troisième remède : le repos ! Dieu a prévu la nuit pour que l’on dorme, le sabbat pour que l’on se repose, les vacances pour que l’on « décroche » un peu. Ce sont là des cadeaux de Dieu, pas des punitions. « Nous ne pouvons pas courir sans arrêt et nous attendre à exceller », assure Kevin DeYoung. Se reposer n’est pas un péché, c’est une marque de sagesse. Le mot de la fin à Donald Carson : « Parfois, l’activité la plus sainte à laquelle on puisse se livrer dans la vie est de passer une bonne nuit de sommeil, et non de passer toute une nuit en veillée de prière ».

Nous avons examiné un écueil qui nous guette dans notre rapport au temps : l’affairement. Mais la Bible ne nous invite pas pour autant à la paresse. Dans un prochain article, nous méditerons sur cette exhortation de l’apôtre Paul : « Rachetez le temps ! ».


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